L'engagement léniniste par Romain Slocombe
Si tous les gars rêvant de mondes meilleurs, de combats héroïques, de paradis, lisent Avis à mon exécuteur de Romain Slocombe (en livrel) avant que de s'engager, le XXIe siècle sera peut-être moins épouvantable. Seulement voilà, il y a le poids incommensurable des intérêts nationaux, et ceux de particuliers, les carcans religieux et la folie de certains hommes : il est donc probable que des temps obscurs d'arbitraires et d'horreurs reviendront.
Le roman de Slocombe raconte la vie d'un révolutionnaire fanatique qui sombre dans la machinerie abjecte du système léniniste, en l'occurrence le NKVD. Espion au service des maîtres du Kremlin n'était pas une sinécure ; c'était même un ticket garanti pour l'enfer et le cimetière, en vitesse accélérée. Après un début difficile (on a vraiment failli décrocher), l'auteur entre dans son sujet et il tient alors le cap.
Au passage, certains découvriront à quoi servait réellement le Komintern, comment le PCUS organisa en Espagne la liquidation des anarchistes, de leurs frères jumeaux - les chiens trotskystes (comme ils disaient)-, pourquoi Aragon craignait sa femme Elsa Triolet et ses patrons, etc. Un travail de documentation est restitué sans nuire à la fluidité du texte.
Evidemment, parce qu'il achevait le mythe léniniste (la bête bougerait-elle encore ?), la presse n'a pas beaucoup aidé Slocombe à élargir son audience : il n'a augmenté significativement ni le nombre de ses lecteurs, ni même celui de ses amis et de ses suiveurs sur la Toile (1). C'est aussi pour cette raison que nous le saluons.
Alexandre Anizy
(1) On blague.