Aux céliniens la nuit de Bunisset
Rentabiliser sa thèse sur Céline en pondant un roman roublard (5 à 10 ans d'une vie de forçât, putain ça se paye ! Dans le jargon des affairistes, puisque maintenant tout est ramené à l'aune économique même par d'aucuns entravant que dalle, on parlerait de spin-off), Isabelle Bunisset l'a fait et c'est chouette.
Ceux qui abhorrent l'acariâtre de Meudon doivent quitter sur le champ ce billet laudatif, puisqu'on y célèbre le génie de Céline grâce au court roman d'Isabelle Bunisset titré Vers la nuit (Flammarion, janvier 2016, livrel à 11,99 € - trop cher !). Ceux qui admirent le prosateur sans pareil de Bardamu doivent sans tarder s'enquérir de cet objet littéraire anormal, voire carrément le voler pour les plus passionnés et démunis, parce qu'il résume en 96 pages l'humanité de cet énergumène (ses fulgurances, sa médiocrité, sa cupidité, etc.), les dispensant pour le coup de lire le volume de 2080 pages longuettes (Lettres, La Pléiade, 2009, 67,50 €), au cas où ils ne se seraient pas encore livrés à cette activité sadomasochiste.
En effet, la môme Isa a pigé le truc... sans copier ni pasticher, hein ! et c'est pur régal de suivre sa mélopée du cygne célinien. Au passage, elle nous gratifie de quelques citations : que voulez-vous, bon sang universitaire ne saurait faillir !
Alexandre Anizy