Laurent Gaudé en virée humanitaire

Publié le par Alexandre Anizy

            Quand un poète grassouillet prend sa voiture pour une visite à Notre-Dame-des-Jungles, il livre sur commande (du moins l'espère-t-on pour lui) une prière désincarnée.    

 

 

            Ainsi lorsque Laurent Gaudé part en virée humanitaire à Grande-Synthe, ça donne par l'accumulation de clichés et de bondieuseries un texte poussif et mal fagoté sur la misère du camp, qui se termine forcément par une auto-flagellation de nanti (rassurez-vous, ils n'en souffrent jamais, ces gens-là) pour rester dans la tendance du marché médiacratique :

 

 

Notre-Dame-des-Jungles (extrait)

 

 

Ci-gît la France qui n'a pas le courage de ses valeurs.

Ci-gît l'Europe et mon âme

D'avoir vu votre misère.

Ci-gît un peu de l'homme d'où qu'il soit,

Car en ces terres le mot "frère" a été oublié.

Et lorsque les pelleteuses auront fait place nette,

Lorsqu'elles auront piétiné ce que vous avez patiemment construit

Elles s'apercevront peut-être,

Mais trop tard,

Que ce sur quoi elles roulent,

Ce qu'elles tassent,

Et font disparaître,

C'est notre dignité.

 

Laurent Gaudé

(De sang et de lumière. Actes Sud, mars 2017, 106 pages, 14,50 €)

 

 

Les hommes de bonne volonté sont parfois des couillons aveugles.

 

Publié dans Notes culturelles

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