Les airs d'Ingrid Astier
Avec Ingrid Astier, en est-ce vraiment ?
Voilà un écrivain qui maîtrise sa communication (Cf. sa page Wikipédia ) mais qui se ment un peu lorsqu'il dit qu'en se consacrant à l'écriture, c'était « un saut dans le vide, sauf que je ne savais pas si j’avais un parachute », puisque le chemin est assez balisé quand on a fait Henri IV et ENS... Passons.
Haute voltige est le nouveau polar d'Ingrid Astier, publié chez Gallimard (mars 2017, en livrel à 14,99 € - trop cher, Antoine !). Pour tout vous dire, nous avons failli lâcher la liseuse à la page 9/533 après avoir lu ça :
« La vie n'est qu'une longue chasse à courre. Pour ne pas se faire dévorer, il faut juste être du bon côté.
Les voitures s'engagèrent dans l'allée rythmée par les fûts des platanes. Sous les pneus, le gravier crissa comme du verre brisé. »
Nous pensâmes alors à une chronique de Patrick Besson (1) qui traitait des pneus dans les romans... et Ingrid Astier qui enfilait les trivialités. C'était un week-end pluvieux et frisquet. Alors nous résistâmes à l'envie de fermer le livrel.
Et soudain face au vent, le héros solitaire sur les toits de Paris nous intéresse vraiment, surtout quand il accepte le casse de l'atelier d'Enki Bilal (2). Il le fera après avoir participé à un combat de chessboxing , s'être entrainé sur le jeu de Svetozar Gligorić (3), etc.
A ce moment-là, le travail d'enquêtes et de documentation de l'auteur finit par tenir le lecteur qui veut savoir si le monte-en-l'air serbe va s'en sortir... (on ne va pas vous gâcher le plaisir !)
Alexandre Anizy
(1) Une association d'idées balkaniques, sans doute.
(2) Depuis 35 ans environ, nous considérons Bilal comme un génie de la BD !
(3) Grand joueur d'échecs serbe.