Les bastos du SAC tirées par Collombat & Davodeau
Côté mitraille, dans les années 1970 ça ne tombe pas comme à Gravelotte, mais quand même, et les assassins sauvent souvent leurs peaux.
Cher pays de notre enfance (Futuropolis, octobre 2015, en livrel), un mauvais titre ironique qui dessert l'ouvrage, est un enquête graphique de Benoît Collombat et Etienne Davodeau qu'on ne s'attendait pas à trouver sur un tel sujet. Pensez donc, les années de plomb de la Ve République française ! On y parle beaucoup du Service d'Action Civique (SAC), l'organisation parallèle des gaullistes. Forcément.
Un travail sérieux, un bon récit, et toujours le même président... euh ! dessin davodesque.
Pour le coup, on se souvient des ministres Joseph Fontanet (lui, c'est un vrai résistant et combattant des FFL), Robert Boulin... Ah, Boulin ! Son meurtre, le combat sisyphique de sa fille contre une magistrature soudée.
En ce temps-là, on voyait le parti de Valéry Giscard d'Estaing (résistant parisien de l'été 1944, puis engagé pour 8 mois de campagne, dont 28 jours de combat, le temps de récolter vite fait la croix de guerre 1939-1945... redorant ainsi le blason d'une famille pétainiste : « L'audace critique lui vint [à l'inspecteur des Finances François Bloch-Lainé] après son éviction de la présidence du Crédit Lyonnais par Valéry Giscard d'Estaing, fils de l'inspecteur des Finances synarque Edmond, et neveu du conseiller d'Etat René, titulaires respectifs des francisques n° 918 (janvier 1942) et 250 (août 1941), parrainés par Du Moulin de Labarthète (...) » (Annie Lacroix-Riz, Les élites françaises entre 1940 et 1944 - de la collaboration avec l'Allemagne à l'alliance américaine, Armand Colin, 2016, p. 392) ), recycler les politiciens penauds des IIIe et IVe Républiques, les partisans de l'Algérie française plus ou moins proche des terroristes de l'OAS, les jeunes loups du groupuscule Occident comme le délinquant Alain Madelin, enfin le gratin de la nation française de toute évidence...
On vit une époque formidable, dessinait Reiser. Ces années-là, on flinguait du beau linge : plus classe que les Ritals, c'est ça la France !
Alexandre Anizy