L'épine de Louise Erdrich
Dans "LaRose", l'écrivaine Louise Erdrich perd son sujet au fil des pages.
Cela commençait bien pourtant :
« C'est là où la limite de la réserve coupait en deux, de manière invisible, un épais bosquet ― merisiers, peupliers, chênes rabougris ― que Landreaux attendait. Il affirma qu'il n'avait pas bu ce jour-là, et par la suite on ne trouva aucune preuve du contraire. C'était un catholique pieux et respectueux des coutumes indiennes, un homme qui, lorsqu'il abattait un cerf, remerciait un dieu en anglais et faisait une offrande de tabac à un autre en ojibwé. » (p7/369 ; LaRose, Albin Michel, 2018, en livrel )
Et de suite le drame arrive : Landreaux tue le fils de son voisin et ami. Avec sa femme, ils vont alors décider, en vertu d'une coutume indienne, de donner leur dernier enfant à la famille de la victime : le coeur gros, le petit LaRose se plie à la volonté parentale.
Puis Louise Erdrich tisse sa toile romanesque, comme savent si bien faire les écrivains américains : chaque personnage est traité avec soin, ce qui densifie la trame de l'histoire, de sorte que peu à peu, LaRose ayant été immergé dans un grand bain familial, le lecteur finit par décrocher. C'est dommage.
Alexandre Anizy