Désintégration façon puzzle d'Emmanuelle Richard
Il apparait que le nombril d'Emmanuelle Richard nous insupporte.
Il faut dire d'une part que la prose de la dame ( Désintégration, éditions de l'Olivier, 2018, en livrel ) mériterait des progrès en matière de ponctuation :
« L'amour est le seul lieu où les questions de dignité ne devraient plus avoir cours, à mon avis, toutefois cette façon de se non-protéger va immanquablement de pair avec la destruction de soi-même. » (p.7/190) ;
d'autre part Emmanuelle Richard montre que l'accumulation de phrases simplissimes (sujet, verbe, complément) demeure un empilement, si elles ne sont pas agencées et ciselées en vertu d'un principe stylistique :
« C'était le début de l'automne. J'étais sortie en débardeur. J'avais froid, je me suis serrée dans mes bras. Il m'a allumé ma cigarette. ["il a allumé ma cigarette", ou "il alluma ma cigarette" ― la répétition "ma ma" suggérant la succion du fumeur ― n'auraient-ils pas été plus correctes ? NdAA] Il avait un beau sourire. Il était dehors à cette heure en pleine nuit pour soigner les bêtes, deux petits chevaux malades qui nécessitaient des soins fréquents et réguliers. » (p.8/190)
Nous rappelons que gratter jusqu'à l'os, ce n'est pas ça le talent, de James Salter par exemple ici .
Emmanuelle Richard conclue son texte ainsi :
« Pour l'instant, je travaille à cette chose qui me plaît. J'ordonne des phrases entre elles. Je pense à la beauté muette parfaite des fleurs. Je me déploie sur l'espace infini de la page où il fait si bon vivre. Je trouve mon équilibre là-dedans. Je suis bien. Un peu à l'écart. » (p.189/190)
Beaucoup à l'écart... mais c'est son plaisir... pas le nôtre.
Le vide sidéral de la littérature masturbatoire.
Alexandre Anizy