Pacte de l'ONU sur les migrations : qui est Louise Arbour ?

Publié le par Alexandre Anizy

            Le pacte de l'ONU sur les migrations fixe un cadre général, aujourd'hui non contraignant, pour les futurs exodes générés par la démographie et le changement climatique : l'objectif est de « maximiser les bénéfices de la migration », dit Louise Arbour, Représentante spéciale de l'ONU. Mais quelles infamies doit-on déjà à cette juriste canadienne ?

 

 

            Le Tribunal Pénal International pour la Yougoslavie fut créé pour juger les crimes commis sur ce territoire après l'éclatement de cet Etat : « le Conseil de sécurité a, en 1993, agi hors de ses compétences. Il donnait d'ailleurs à cette juridiction pénale d'exception des pouvoirs exorbitants, à commencer par la possibilité d'aménager elle-même la procédure suivie devant elle, ce qu'elle a fait à plus de douze reprises entre 1994 et 1997. Le contenu du règlement révèle des atteintes inadmissibles aux principes les plus élémentaires de la procédure pénale. », écrivait François Terré, docteur en droit et professeur émérite, membre de l'Institut de France. (1) En 1996 et jusqu'au 26 mai 1999, Louise Arbour fut procureur général du TPIY : que faut-il penser d'une juriste qui pisse sur les principes élémentaires de la procédure pénale ? Lorsqu'elle arrive à ce poste, Louise Arbour décide de changer la règle de publication de chaque acte d'accusation : avec elle, les inculpations seront secrètes, ce qui est bien commode...

            De 1996 au 26 mai 1999, aucune accusation ne pesait sur le président serbe Milosevic (2), mais le 27 mai, inopinément et quasiment ex nihilo, le TPIY publie son inculpation par Louise Arbour : les médias propagent massivement que "les droits de l'homme l'emportent sur les droits des Etats". Vraiment ?

            Rappelons les faits. Après l'échec de la conférence de Rambouillet (6 février - 19 mars 1999), l'OTAN déclenche l'opération Force alliée le 23 mars 1999, qui vise à bombarder des "cibles politiquement correctes" selon l'expression du général américain Clark (3), c'est à dire le complexe militaro-industriel serbe et les infrastructures, causant quelques dégâts collatéraux, comme l'ambassade chinoise à Belgrade... « Durant la première semaine, alors qu'on cherchait désespérément à justifier l'intervention, car l'exode des Albanais n'était pas suffisamment massif, on avait inculpé Arkan [le 1 avril 1999, sans rendre publiques les charges retenues...]. Louise Arbour était apparue sur les écrans pour apporter sa contribution au renouveau moral de l'humanité. Avec le visage grave d'un juge sévère et en termes compassés, comme il sied à un procureur, elle avait expliqué que l'acte d'accusation était dressé depuis longtemps et que le Tribunal avait décidé que le moment était venu de le divulguer. » (4) Enfreignant la règle du secret qu'elle avait elle-même instaurée, à un moment opportun pour les Etats bombardeurs, « Louise Arbour se comportait en activiste de l'OTAN » (5) Déjà.

            Alors pourquoi inculper Milosevic le 27 mai 1999 ? « Deux mois s'étaient écoulés depuis le début des frappes. Le soutien de l'opinion publique commençait à faiblir : pour la première fois les sondages faits aux Etats-Unis montraient que la majorité de la population était contre la guerre et la cote de popularité de Clinton plus basse que jamais. Le fondamentalisme du week-end s'essoufflait, l'été approchait. On avait à peu près la même situation en France. Parallèlement, les pourparlers entre Tchernomirdine et Milosevic progressaient. On pouvait espérer aller vers la paix, mais vers une paix de compromis, mauvaise pour l'OTAN. Les gouvernements italien et allemand commençaient à demander avec insistance un accord à l'amiable. C'était le temps des hésitations. La crise n'avait jamais été aussi profonde entre alliés. Cette semaine-là était décisive pour la conduite ultérieure de la guerre. Comme l'a reconnu plus tard le général Clark, le bombardement de "cibles politiquement correctes" ne pouvait se prolonger que de dix jours, ensuite, il allait falloir bombarder la Serbie tout entière. C'en était bientôt fini de la guerre "morale mais sans scrupule", très vite, il ne resterait plus que l'absence de scrupules. » (6) Examinons la chronologie :

  • mercredi 19 mai : réunion Clinton - général Clark : décision prise d'envoyer 90.000 soldats américains au Kosovo (Cf. le Times), qui signifie la préparation à la guerre totale ;
  • vendredi 21 mai : réunion Louise Arbour - Madeleine Albright, Secrétaire d'Etat américain, qui s'achève par une conférence de presse dans laquelle ces deux dames parlent des "crimes de guerre commis par les Serbes" ;
  • samedi 22 mai : Louise Arbour prend la décision d'inculper Milosevic ;
  • mercredi 26 mai : Louise Arbour est nommée juge à la Cour Suprême du Canada (décret 1999-0941) ;
  • jeudi 27 mai : publication de l'inculpation de Milosevic par le TPIY.
  • jeudi 27 mai : réunion secrète des ministres de la Défense des principaux membres de l'OTAN et décision prise "d'intensifier les frappes" ;
  • jeudi 27 mai : Clinton annonce qu'il va envoyer 90.000 soldats au Kosovo. (7)

Une chronologie qui n'honore pas Louise Arbour. Grâce à elle, l'Empire et ses alliés feront maintenant la guerre au crime, n'est-ce pas ?

            Mais que se passa-t-il ensuite pour Milosevic au TPIY ? Redonnons la parole au digne professeur de droit François Terré : « Cet accusé [Milosevic] sur lequel pesaient tant de charges, une parodie de justice a réussi à en faire une victime. Il existe encore aujourd'hui des juristes trop attachés au droit et à la justice pour en supporter d'insupportables travestissements. » (8)

            Ayant agi en bon janissaire à col blanc de l'Empire, la carrière professionnelle de Louise Arbour fit donc un saut suprême.

 

 

            Sachant les infamies passées du procureur Louise Arbour, que faut-il penser du Représentant spécial du Secrétaire Général de l'ONU pour les migrations Louise Arbour quand elle déclare, que le pacte de l'ONU sur les migrations n'est pas contraignant ? Rien de bon pour l'humanité.            

 

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) Dans Le Monde du 14 mars 2006.

(2) Il signa les accords de Dayton le 14 décembre 1995, mettant fin aux combats en Bosnie.   

(3) Stanko Cerovic, Dans les griffes des humanistes, éditions Climats, 2001, page 283.

(4) Ibidem, page 278.

(5) Idem, p.279.

(6) Idem, p.282-83.

(7) Idem.

(8) Dans Le Monde du 14 mars 2006.