Why not James Sallis ?
Bourlingueur, James Sallis a gratté dans le milieu intellectuel. A 72 ans, il a publié un texte un brin fataliste.
Peut-on vraiment parler de polar à propos de Willnot de James Sallis (Payot & Rivages, 2019, en livrel) ? Pas vraiment, même si les morts suspectes, les coups de feu, le fugitif, le FBI et le shérif ne manquent pas. Point d'enquête puisque le personnage central est un médecin qui voit les choses et les hommes venir à lui. Le désenchantement règne dans cette histoire, et c'est pourquoi le titre pourrait être interprété comme un "non futur" ou une "non volonté". Gide, Camus, l'école de Francfort étant cités, ce qui est rare dans un roman noir américain, on pense alors au I would prefer not to du Bartleby d'Herman Melville. Réaliste sans amertume, Sallis ose une assertion sur son métier :
« Les écrivains - les artistes - sont des produits. Et les produits se périment. » (p.33/180)
Willnot est un roman encombré, le fruit soit d'un remplissage talentueux, soit d'un capharnaüm maîtrisé. Il n'empêche qu'il mérite un détour, puisque le style est singulier.
Alexandre Anizy