De quoi se mêle le Conseil Constitutionnel ?
En consacrant le principe de gratuité de l'enseignement supérieur, le Conseil Constitutionnel fait le lit de l'éducation privée.
C'est une tribune du maître de conférence Pierre-Henri Tavoillot (Figaro du 17 octobre 2019 : Le gouvernement des principes, ou la fin de la démocratie délibérative) qui nous a alertés sur la récente dérive démocraturique : profitant d'une saisine, le Conseil Constitutionnel a arrêté un principe de gratuité de l'enseignement supérieur dans un champ qui ne relève pas de sa compétence. « Cet arrêt, je pèse mes mots, est une véritable usurpation de la volonté générale », écrit le juriste vigilant qui ajoute que « cette accumulation de questions de principes révèle une chose : la légitimité d'agir du politique est devenue tellement faible qu'il tente de la gonfler artificiellement par l'autorité du droit. Faute de pouvoir changer le réel, il cherche à modifier les textes en général et la loi fondamentale en particulier ». C'est une véritable dépossession démocratique.
Nous ajoutons à cette critique experte que l'arrêt du Conseil Constitutionnel est pire que cela, puisqu'il interdit la transformation sérieuse de l'enseignement supérieur, dans la mesure où la question de ses ressources vient d'être arbitrairement escamotée. Les écoles privées vont continuer de prospérer sur le cadavre de l'université.
L'élisphère contrôle de plus en plus son autoreproduction.
Alexandre Anizy