Chef-d'oeuvre de Thomas Savage
Avec ce roman de Thomas Savage, le mot n'est pas galvaudé.
Le pouvoir du chien (Belfond, 2014, livrel ) décrypte le mode de fonctionnement d'un être malfaisant qui agit sous le masque de la sincérité : l'expression d'une vérité au moment inopportun comme une arme de destruction intime. Qui se méfie de l'ami qui, en principe, vous veut du bien ?
Dans le cas analysé par Thomas Savage, les soubassements psychologiques des personnages sont exposés avec finesse, y compris la perversité du héros dont la clef nous est donnée dès la première page. En effet, ayant refoulé son homosexualité, il persécute avec plaisir sa nouvelle belle-sœur pour détruire son couple, il humilie toute personne exprimant un contentement (comme l'enfant aux billes) ou un mécontentement face à l'ordre et les valeurs qui régissent son monde. Bref, le refoulement a corrompu cette nature humaine en déclenchant une animosité de principe à l'égard de tous.
Dire la vérité avec une intention de nuire est sans doute le stade ultime de la restriction mentale chère aux jésuites.
Alors... cave canem.
Alexandre Anizy