Ex stalinien (1), Jacques MARSEILLE entonne depuis quelques années maintenant son couplet libéral : il le fait avec talent et ironie, ce qui ne gâche rien, contrairement à Alexandre ADLER dont la culture encyclopédique a noyé le sens du discernement.
Ils ont enseigné à Paris VIII (université), au temps où cette université n’était pas sous la coupe d’un zigoto nommé Pierre LUNEL.
En 1983, l’historien Jacques MARSEILLE publiait un livre iconoclaste intitulé « vive la crise et l’inflation » (Hachette, 248 p.), où il défendait la thèse suivante (de mémoire) : les périodes de crise économique et d’inflation sont favorables à la population active qualifiée. Les statistiques qu’il produisait donnaient du crédit à son propos.
Rappelons ici que 1983 est l’année charnière où le francisquain MITTERRAND et sa clique tournaient le dos à une politique de gauche … pour entrer dans une chimère européenne, puisqu’il faut bien vendre quelque chose aux électeurs (« L’Europe, l’Europe, … » disait DE GAULLE en parlant de cabris).
Le 1 novembre 2007, dans son article du Point, Jacques MARSEILLE pense toujours que la crise est, somme toute, bénéfique. Aux travailleurs qualifiés ? Non, à la France ! (On notera ici l’évolution macroéconomique de Jacques MARSEILLE)
« Alors, « vive la crise ! » si la prise de conscience de ceux qui nous gouvernent les amène à ne pas renouveler les mollesses anesthésiantes du chiraquisme et à s’engager dans la réduction massive des dépenses publiques, qui, partout ailleurs, a été le meilleur sinon le seul moyen de retrouver la croissance. »
On observera ici que, lorsqu’il était communiste, Jacques MARSEILLE honnissait les socialistes (ce mou MOLLET…) et que, parce qu’il est aujourd’hui libéral, il critique fermement le radicalisme corrézien de CHIRAC : Jacques MARSEILLE n’aime toujours pas les demi-mesures.
En 1983 comme en 2007, Jacques MARSEILLE met en exergue l’essentiel : la crise est bien devant nous. Les prévisions de l’OCDE pour la croissance américaine sont de 2 % au 3ème trimestre et de 1,5 % au 4ème trimestre (rythme annuel) ; la crise immobilière est loin d’être enrayée ; le montant des prêts subprimes sera plus élevé en 2008 que pendant la crise de l’été 2007.
« Or, dans le passé, 8 crises immobilières sur 10 ont débouché sur une récession, les 2 périodes y ayant échappé étant celles des guerres de Corée et du Vietnam, quand les dépenses militaires avaient servi de moteur de substitution. »
La prochaine guerre d’Iran fera-t-elle un bon moteur de substitution ?
La croissance en Europe va ralentir, alors qu’elle était déjà relativement faible par rapport à celles des autres zones économiques, avec notamment un taux de croissance de 1,8 % pour l’Allemagne en 2008, comme pour l’Italie et la France.
C’est pourquoi la crise est bienvenue selon Jacques MARSEILLE. Le moment est propice au grand chambardement tant attendu par certains : « (…) tous les pays qui ont su faire la « rupture » l’ont fait précisément pendant les périodes de vaches maigres. »
Par déformation professionnelle, Jacques MARSEILLE interroge le passé pour le « reproduire en mieux » dans un avenir proche : il veut retrouver la croissance… Est-ce un objectif réaliste ?
Quant à Olivier PASTRé, toujours professeur d’économie à Paris VIII, c’est la crise boursière qu’il reconnaît dans un article pour Libération (7 novembre) : il a toujours le même sens de la mesure et de la pondération.
« La crise boursière actuelle – qui n’est vraisemblablement pas terminée – va, comme toutes les autres crises qu’a connues le système capitaliste, accoucher du pire mais aussi du meilleur. »
Olivier PASTRé liste ensuite quelques aberrations dans la sphère financière qui ont conduit à cette crise pour en arriver à cette prudente conclusion : « Cette crise est donc, à ce stade, salutaire. Elle oblige tous les acteurs des marchés financiers à mener à terme leur examen de conscience. »
Olivier PASTRé est une âme bien-pensante, qui oublie qu’à terme les acteurs financiers glisseront à nouveau du statut de pompier à celui de pyromane, sans passer par la case introspection et repentance : n’est-ce pas la règle du jeu ?
Et pourquoi ne pas changer ces règles ? « La question de la régulation n’est évidemment pas, à ce stade, plus de régulation mais mieux… »
Il est donc urgent d’attendre … que la communauté financière fasse son autocritique et qu’elle redevienne l’éphore de l’économie de marché.
Résumons la situation : oyez, oyez, braves gens, n’ayez pas peur ! Les experts fautifs vont trouver par eux-mêmes les solutions aux problèmes qu’ils ont créés et nous permettre ainsi de rebondir. Comme avant.
A ce stade, comme dirait PASTRé, nous pensons que le temps de leur réflexion n’a pas été suffisant et que le logiciel des experts devrait être audité.
Alexandre Anizy
(1) Par définition, tout membre du Parti Communiste est un marxiste-léniniste, dont STALINE est le parangon.