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Sonner l'appel pour Boris Pahor

Publié le par Alexandre Anizy

Alors que tant d'écrivassiers se font lustrer dans les médias, que tant de journaleux se renvoient l'ascenseur dans des papiers abjects ou bien y flattent l'ego de directeurs obséquieux, il est d'authentiques écrivains qui restent en rade sur la mer de la renommée. C'est pourquoi aujourd'hui nous sonnons l'appel pour Boris Pahor, un slave né à Trieste (port de l'Adriatique) en 1913.


« La grande place était vide, comme désemparée en l'absence des passants, dominée par un souffle vague, réussissant insidieusement à tromper l'été. »


L'incipit du roman « l'Appel du navire » (Phébus, février 2008, 319 pages, 21 €) de Boris Pahor donne d'emblée le niveau d'exigence de l'auteur : le rythme saccadé de la phrase imite les flux et vents marins, comme l'allitération en final souligne l'escamotage. (Que le traducteur Antonia Bernard soit ici remercié !)


C'est l'histoire d'une double éclosion chez Ema (le personnage principal) : la découverte de l'amour et la naissance d'une femme, la conscience de l'oppression et l'engagement dans la résistance.


Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un ouvrage militant : vous n'y trouverez pas des slogans rageurs de nationalistes slovènes, des portraits caricaturaux de fascistes italiens, etc. Non, rien de tout cela. Juste la description pointilleuse de la lente évolution des sentiments et de la révolte chez Ema. Et certains apprendront à travers cette période troublée de Trieste, comment la pieuvre fasciste s'incruste dans une ville et pénètre les esprits faibles.


Il paraît que Boris Pahor est "nobélisable". Sûr qu'il ne ferait pas injure aux précédents récipiendaires, notamment à Ivo Andrić (Andritj).



Alexandre Anizy

 

Velibor Čolić (Tcholitj) n'est ni footballeur ni Jésus ni Tito

Publié le par Alexandre Anizy

Dans un pays pas si lointain aujourd'hui disparu, un enfant rêvait d'être footballeur, « noir et brésilien de préférence ». Mais avec une mère croate et un père qui se dit yougoslave, c'était compliqué pour devenir noir et facile d'écrire des poèmes. Ainsi, dès l'enfance, Velibor Čolić est entré en littérature .


Dans « Jésus et Tito » (éditions Gaïa, avril 2010, 190 pages, 17 €), il raconte sa jeunesse dans un village bosniaque.

« Une belle époque. On mange du bon pain et on casse la gueule au fils du boulanger. La preuve, malgré tout, que ce monde peut fonctionner à merveille. » (p.46).


Ce livre est un "bildungsroman", c'est à dire une somme triée et ordonnée de photos, de saynètes, qui rend compte subjectivement de l'environnement de l'auteur. C'est un bijou qui nous fait penser aux « Ritals » de Cavanna (lire notre note sur cet écrivain) : la vie, tout simplement, relatée dans un style sobre, élégant et drôle.

« Notre lycée est un bâtiment flambant neuf, laid et tout en angles, à mi-chemin entre une prison et une caserne. Le matin, nos cours commencent à sept heures, ça sent la sueur douceâtre, les chaussettes sales et les produits désinfectants. » (p.105)


Velibor Čolić a du talent : maintenant, il ne tient qu'à vous de le découvrir.


 

Alexandre Anizy


Jean-François Copé est-il républicain ?

Publié le par Alexandre Anizy

On savait que Jean-François Copé n'est pas un démocrate, au sens donné par Jacques Rancière (lire notre note sur « la haine de la démocratie »)


Mais, comme en 2009, Copé vient d'évoquer « une ambiance malsaine de nuit du 4 août »[1789, ndAA].

Rappelons ici que ce fut la fameuse nuit révolutionnaire où les privilèges des maîtres ont été abolis : l'ordre ancien s'effondrait, la République allait naître.


Donc, si on suit la pensée de Jean-François Copé, la République est le résultat d'une nuit malsaine. D'une chose malsaine ne pouvait jaillir qu'une proposition souillée … La République serait par conséquent une gueuse, comme disaient certains fascistes dans les années trente.


On savait que Jean-François Copé n'était ni révolutionnaire ni démocrate; on se demande aujourd'hui s'il est sincèrement républicain.



Alexandre Anizy

 

 

Le "worst" n'est pas sûr avec Eric Woerth

Publié le par Alexandre Anizy

En dehors des questions d'organisations étudiées par Mintzberg, des "vaches à lait" du BCG, des "5 forces" de Michael Porter, etc., il semble bien que le bon sens commun échappe à Eric Woerth, notamment les notions de conflit d'intérêts et d'éthique (un élément de langage jamais absent des discours formatés de l'oligarchie). C'est le hic avec ce "hec".

 

Passent les jours avec leurs lots de révélations sur ce ministre que le Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa affirme au-dessus de tout soupçon, plus le mantra woerthien "mensonges et calomnies" paraît d'une débilité effarante.

Le "worst" n'est pas sûr avec Eric Woerth.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

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