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Mihajlo Pantić et le doute en amour (ako je to ljubav)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Mihajlo Pantić est un intellectuel serbe académique (professeur d'université, critique littéraire et écrivain) qui a déjà reçu des médailles : nous parlons des 5 prix, dont le "Ivo Andrić" en 2003 pour ce recueil de nouvelles « si c'est bien de l'amour » (éditions Gaïa, août 2007, 219 pages, 18 €).

 

Bien que ces histoires soient ancrées dans la ville nouvelle, vous ne découvrirez pas la partie moderne de Belgrade, Novi Beograd, une sorte de quintessence de l'architecture socialiste yougoslave (comme Novi Zagreb). Car chez Pantić, ce sont des histoires d'hommes et de femmes, tout simplement, avec leurs problèmes de mélancolie, de voisinage, et d'amour forcément.

 

Mihajlo Pantić possède un style personnel, ce qui fait toute la différence dans ce genre littéraire. Échantillons :

 

« Elle était face au miroir et gémissait. Elle gémissait sur elle-même, sur son cas personnel en tant que femme, sur l'amas des jours pareil à un monceau de cadavres. » (p.53)

« La mort recèle quelque chose d'horriblement simple. L'amour est plus compliqué. » (p.219)

 

A cause du rythme surtout, de son ironie aussi, nous avons pensé à Jackie Berroyer, au temps où nous nous régalions de ses textes dans CharlieHebdo(celui de Cavannaet Chorondes années 70, pas la merde actuelle).

 

En matière de nouvelles, Mihajlo Pantić passe pour un maître.

Alors, avec ce recueil, c'est bien de le connaître.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

Comme Jean-Pierre Milovanoff sur le fleuve Amour

Publié le par Alexandre Anizy

En août 2009, Jean-Pierre Milovanoff publiait « l'Amour est un fleuve de Sibérie » (Grasset, 192 pages, 14,50 €).

Un moustique camarguais l'aurait-il sauvagement piqué, pour qu'il s'inflige cette romanesque dérive superfétatoire ?

 

 

Alexandre Anizy

 

 

La Croatie sous le stylo-bille de Jean-Marie Laclavetine

Publié le par Alexandre Anizy

Nous nous souvenons avoir lu, il y a quelques temps déjà, que les carnets de voyage rencontraient un certain succès en librairie : l'article citait en référence ceux de Titouan Lamazou. Est-ce pour cette raison que Christian Giudicelli a lancé la collection "le sentiment géographique" ?

En s'appuyant sur la notoriété des auteurs, comme c'est le cas ici, et la force commerciale de l'éditeur, la niche méritait d'être explorée.

 

 

Jean-Marie Laclavetine a donc écrit « la martre et le léopard » (Gallimard, avril 2010, 150 pages, 16,90 €), qui relate son voyage en Croatie au cours de l'automne 2009.

L'écrivain raconte son périple en s'attachant aux gens : la géographie, l'histoire, la littérature, restent au second plan. Les lecteurs un peu avertis remarqueront dans les détails que Laclavetine connaît le sujet, et les amateurs trouveront des pistes à découvrir. (Pour le sens propre, ce sont les guides spécialisés qu'il faut d'abord lire)

 

Personnellement, nous avons apprécié cette traversée de Croatie (pour ce qu'elle est). Mais que ceux qui n'aiment ni l'histoire, ni la cuisine, ni la littérature, s'abstiennent !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

 

Sollers postmoderne, Nothomb primitive

Publié le par Alexandre Anizy

Philippe Sollers est un vieil intellectuel narcissique qui ne sait plus quoi écrire. Autrefois, il enchaînait les marottes pour meubler ; maintenant, il ressemble à ce qu'il est, un genre de bourgeois qui pontifie après avoir baisé la bonne.

 

La presse des amis du Président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa ouvre ses colonnes au joyau inoffensif de l'intelligentsia française. Alors il recycle ses papiers imparfaits sans avoir trouvé la formule alchimique, continuant ainsi d'exister dans le spectacle, tandis qu'Amélie Nothomb livre annuellement son déchet inédit.

 

Le Sollers postmoderne, la Nothomb primitive : même fatras !

 

 

Alexandre Anizy

 

Déchet 2010 d'Amélie Notomb

Publié le par Alexandre Anizy

 

Comme chaque année, Amélie Notomb déverse ses déjections dans les librairies, après un tri sélectif (3 jetés pour 1 rendu, paraît-il).

Comme chaque année, la presse choie cette malheureuse fille de diplomate belge qui aurait tenté de se suicider à 3 ans, serait devenue potomane à 5 ans, alcoolique à 10 ans … Nous vous épargnons l'inventaire.

 

Il y a eu tout ça, et puis malgré tout ça …

Toujours en forme de vie, l'Amélie Notomb !

 

Pour le produit rendu, vous n'êtes pas obligés d'être victimes de la médiocrité d'Amélie.

 

 

Alexandre Anizy

 

Du propagandiste Pierre Briancon

Publié le par Alexandre Anizy

Le quotidien vespéral divulgue chaque jour son lot d'informations sciemment biaisées (voir les notes consacrées à cette "institution").

En économie, il accorde 2 colonnes à des zozos regroupés dans une agence d'informations centrale nommée "Breakingviews" : l'honnêteté intellectuelle n'est pas leur avantage compétitif.

 

Prenons le cas de Pierre Briancon, mardi 17 août 2010.

Sa prose raisonnée :

« La croissance du pays [l'Allemagne] a atteint 2,2 % au deuxième trimestre – son rythme le plus rapide depuis la réunification il y a vingt ans -, au-delà des prévisions les plus optimistes. »

Et comme pendant le même trimestre,

« la croissance française, elle aussi, a été plus forte que prévu, même si, à 0,6 %, elle reste dans le registre poussif. »,

Il faut convenir que,

« ce qui est bon pour l'Allemagne est bon pour le reste de l'Europe. »

 

Si Pierre Briançon était un gars sérieux, il aurait souligné, comme d'aucuns l'ont déjà fait, qu'un examen attentif des données tend à démontrer que cette croissance française de 0,6 % est essentiellement due à un phénomène de stockage. Autrement dit, pour la fameuse reprise, il faudra patienter !

 

Mais Pierre Briançon avait un message à placer ; son omission en est un autre.

 

Pierre Briançon se croit journaliste économique, alors qu'il n'est que propagandiste. Brillant ? Certainement pas. Pour le reste, on ne sait pas.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

"Tombeau pour Boris Davidovitch" de Danilo Kiš

Publié le par Alexandre Anizy

« Un tombeau pour Boris Davidovitch » (Gallimard NRF, novembre 2009, 158 pages) de Danilo Kišest un roman sur la foi, puisqu'il raconte en sept chapitres (d'une même histoire, précise l'auteur dans le sous-titre de l'ouvrage) les vies exaltantes de croyants, au sens large du terme.

 

Celui consacré à Boris Davidovitch vous captivera puisqu'il évoque la confrontation et la connivence muette de l'inquisiteur et de la victime dans le cadre de la répression stalinienne : la quête d'une pureté révolutionnaire n'a d'égale que l'acceptation du dévoiement. A méditer.

 

Nous y reviendrons bientôt, quand nous parlerons de Victor Serge.

 

 

Le style de Danilo Kiš jette un voile d'objectivité sur ces gestes religieuses. Cependant, sa nature ironique perce sous le trait sérieux à chaque page.

 

« Après un vide évident dans les sources dont nous nous servons (et que nous épargnerons au lecteurs, pour lui laisser le plaisir trompeur de penser qu'il s'agit d'une histoire que l'on identifie d'habitude, pour le plus grand bonheur de l'écrivain, au pouvoir de son imagination), nous le trouvons à l'asile psychiatrique de Malinovski, au milieu des fous dangereux, et d'où, déguisé en lycéen, il s'enfuit à bicyclette pour Batoum. » (p.98)

 

Si vous ouvrez ce tombeau, vous n'en sortirez pas, avant le point final.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

Les pépins d'Hagena (Katharina)

Publié le par Alexandre Anizy

Katharina Hagena est une Allemande née à Karlsruhe en 1967 qui, après de longues études universitaires, est devenue une spécialiste universitaire de James Joyce grâce à sa thèse, dont elle publia une version "grand public averti".

Puis elle a pris le temps de mûrir …

 

et en 1998, elle sort en Allemagne son premier roman, qui connaît un succès retentissant (250.000 exemplaires vendus). En janvier 2010, les éditions Anne Carrière le présentent en France sous le titre « le goût des pépins de pommes » (268 pages, 19,50 € ; traduction de Bernard Kreiss).

 

 

Si ce livre ne sonne pas la révolution dans l'art romanesque, il constitue par contre un exemple d'un travail d'excellente facture. Pour le lecteur, la construction minutieuse du récit est estompée par la mélodie ciselée de l'écriture. L'artisan a réussi à masquer la technique.

Le miracle de ce livre, c'est la délicatesse retenue par Katharina Hagena pour aborder des choses graves, auxquelles nous sommes tous confrontés un jour.

 

Lire ce livre ne sera pas un pépin !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Un roman sylvestre de Jérôme Lafargue

Publié le par Alexandre Anizy

Né en 1968, Jérôme Lafargue publie apparemment son premier livre en 2007, sans revendiquer un quelconque droit à la paresse, et en 2009 pour « dans les ombres sylvestres » (éditeur Quidam, septembre 2009, 183 pages, 16 €). Espérons que le prurit de la renommée ne le titille pas au point de gâcher son talent.

 

Car il est là, le talent, dans cette capacité à ciseler des phrases dont la mélodie ne peut échapper qu'aux sourds et aux lecteurs gothiques :

« Je me rendis à l'hospice dans l'antique 2cv familiale. Je n'avais pas encore mon permis à l'époque (…). La petite route cabossée filait droit sur des kilomètres, enserrée de part et d'autre par la forêt indolente. Je me sentais chez moi, et il m'arrivait de garer la guimbarde sur le bas-côté parce que j'avais vu traverser une laie et ses marcassins. » (p.61) (un Ardennais ne pouvait pas rater ça … )

Des mots, un rythme, un angle de vue : l'amorce d'un style.

 

Reste à s'investir dans l'histoire, car le collage d'un élan sylvestre mâtiné de sorcellerie, d'une ode au surf, d'une exploration tropicale, d'un bout d'essai dans la carrière universitaire, de l'évocation d'une thèse sur les grands révoltés, en terminant par un phénomène climatique, ne constitue pas une vision du monde mais un patchwork. A moins d'adorer le gavage de la science-fiction.

Pour le coup, nous nous souvenons d'un bouquin de Jacques Sternberg (« mai 86 » : à vrai dire, une étrange association, mais nous ne sommes pas friands de S-F).

 

Nous encourageons Jérôme Lafargue à prendre le temps de construire.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

La déferlante Claudie Gallay en poche

Publié le par Alexandre Anizy

Tout a été dit sur ce livre exceptionnel de Claudie Gallay, « les déferlantes » (poche j'ai lu, 539 pages, 8 €). Les louanges sont méritées, puisque la maîtrise est totale, aussi bien la construction que le style.

 

A raison, on a comparé le succès de Claudie Gallay à celui de Muriel Barbery. Nous songeons aussi à Mary Ann Shaffer et Annie Barrows (« le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates »).

 

Ne vous refusez pas ces quelques heures de lecture qui vous transporteront sur cette terre ingrate, au coeur d'une enquête pleine de rebondissements.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

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