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Tristan s'est-il égaré ?

Publié le par Alexandre Anizy

 

En 1983, le jury Goncourt attribuait son prix à Frédérick Tristan pour son roman « les égarés » (Fayard, édition de 2000 ; bouquinel en pdf de 595 pages) : il ne se trompait pas en couronnant un livre de cet acabit qui commence par un bijou :

« Il conviendrait sans doute que je raconte ici une histoire de mon invention. »

La suite est d'une haute tenue littéraire, même si à un moment l'auteur plonge vraiment dans la facilité en empruntant aux faits divers connus (le kidnapping chez Charles Lindbergh). Nobody is perfect.

 

Du coup on se demande, entre « les égarés » et « la femme écarlate » dont nous avons parlé dans une note récente, si nous sommes bien en présence du même auteur, tant la différence de niveau paraît flagrante.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Lettre écarlate de Nathaniel Hawthorne

Publié le par Alexandre Anizy

 

Grâce à Frédérick Tristan, nous avons l'occasion de parler de « la lettre écarlate » (bouquinel gratuit sur www.feedbooks.com , 262 pages) de Nathaniel Hawthorne.

 

Le style est particulièrement soigné, d'aucuns diront daté, mais à force de se vouloir modernes on en devient sots.

« Une foule d'hommes barbus, en vêtements de couleurs tristes et chapeaux gris à hautes calottes en forme de pain de sucre, mêlée de femmes, certaines portant capuchon, d'autres la tête nue, se tenait assemblée devant un bâtiment de bois dont la porte aux lourdes traverses de chêne était cloutée de fer. » (p.43 ; incipit du chapitre 1)

 

C'est un très bon livre.

Allez-y ! profitez-en pour essayer un bouquinel (e-book pour les paresseux formatés) sur votre ordinateur ou sur une liseuse*.

 

 

Alexandre Anizy

 

* : les prix deviennent abordables.

 

 

 

Tristan sans éclat avec la femme écarlate

Publié le par Alexandre Anizy

 

Il n'y a pas longtemps, quelqu'un nous a dit que Frédérick Tristan était bourré de talent. C'est pourquoi, en passant dans notre bibliothèque municipale préférée, nous avons emprunté « la femme écarlate » (Fayard, avril 2008, 348 pages).

 

L'histoire est racontée d'une écriture académique, si bien que tout au long de la lecture nous nous interrogions sur son intérêt.

Au final, on cherchait encore le brio.

 

C'est aussi ce que dit Chloé Saffy, un jeune écrivain qui ne s'embarrasse pas de circonlocutions :

« Ah la Femme écarlate, l’autre nom de la Putain de Babylone, toujours vêtue de rouge et qui est censée symboliser toutes les tentations les plus viles de l’âme humaine, la putain qui enserre entre ses cuisses les désirs et la vulnérabilité des hommes. Je brode, je brode, mais franchement pas plus que Frédérick Tristan qui lui s’en donne à cœur joie. C’est son souci d’ailleurs, au lieu de raconter son histoire, il se perd en digressions bavardes, surligne lourdement chacun des sentiments de ses personnages, les anticipe même dans la plus grande tradition du « Nous le savons, mais David lui ne savait pas encore ce qu’Olympe préparait pour lui dans le secret . ». Cela donne un roman en forme de pâtisserie surchargée de crème, de beurre, de coulis, il y en a trop, à toutes les pages, c’est boursouflé, cela devient vite écœurant. »

Pour finir, sa conclusion à laquelle nous souscrivons :

« Ce n’est pas que Frédérick Tristan ne sache pas écrire, mais il en fait trop et dans son cas, l’excès lui nuit. On peut donc aisément passer sur La Femme écarlate si l’on tient à (re)découvrir son œuvre. »

(source : http://www.discordance.fr/La-femme-ecarlate-Frederick.html )

 

Puis nous avons pensé à « la lettre écarlate » de Nathaniel Hawthorne (bouquinel gratuit à télécharger), dont le roman de Tristan pourrait être une sorte d'inversion. Mais dans ce cas, la comparaison est impitoyable pour Frédérick.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

La soudaine lucidité d'Eric Verhaeghe

Publié le par Alexandre Anizy

 

Diantre ! Il ne faut donc point désespérer, puisqu'un homme comme Eric Verhaeghe, énarque, ex membre du MEDEF et ex président de l'APEC, jette l'éponge dans une soudaine crise de lucidité ?

 

« La dérive sécuritaire que nous connaissons en France (répression policière, chasse aux étrangers, utilisation disproportionnée de la privation de liberté pour des faits mineurs, voire par simple intimidation, mais aussi développement de la télésurveillance, droits accrus pour les sociétés de gardiennage privées, etc.) illustre la difficulté pour l'autorité publique de maintenir l'ordre social inégalitaire, en même temps qu'elle dévoile la véritable fonction de l’État dans un système oligarchique. (…) Il est un outil de domination entre les mains de l'aristocratie, qui concourt plus particulièrement à dissuader le citoyen de se révolter, au besoin par le recours à la force.

(…) Renforcer l’État, c'est accroître encore la domination des élites sur le système économique, et faciliter la prédation dont la collectivité fait l'objet. »

(p.152-153 ; Eric Verhaeghe, « Jusqu'ici tout va bien », éditions Jacob-Duvernet, janvier 2011, 190 pages, 19,90 €)

 

Si un type au cœur de l'appareil oligarchique en arrive à certaines conclusions que nous avons exprimées depuis presque 4 ans ici même, force est de constater que les masques sont en train de tomber, accélérant ainsi la prise de conscience générale de la nécessité d'une métamorphose.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

 

Bille de chêne de Yanny Hureaux

Publié le par Alexandre Anizy

 

A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, vivre dans les Ardennes profondes, à 15 kilomètres au nord de Charleville, n'était pas une sinécure. Mais l'envie de s'en sortir sans rien demander, alliée à une pratique ancestrale de la débrouillardise, c'est ce que raconte Yanny Hureaux, avec le talent que nous lui connaissons, dans « bille de chêne » (JC Lattès, 1996, 269 pages, 16,80 €)

 

Il n'est pas nécessaire de connaître cette contrée, et encore moins Gespunsart, pour apprécier le tableau de l'enfance forestière de l'auteur, parce que chacun y retrouvera un peu de la sienne.

On pense alors aux « ritals » de Cavanna, au « cheval d'orgueil » de Pierre-Jakez Hélias : c'est dire le niveau d'excellence.

 

 

Alexandre Anizy

 

Service Littéraire pour amateurs

Publié le par Alexandre Anizy

 

Service Littéraire est une revue (2,50 €) lancée par François Cérésa avec quelques amis : tous les mois, une bande de journalistes – écrivains disent sans ambages, et souvent avec humour, ce qu'ils pensent de la production littéraire en France.

 

Prenons par exemple celle dont nous avons dit tant de mal dans notre dernière note culturelle. L'article est signé Guillaume de Sardes.

 

Le titre :

« est-il vraiment possible de la lire ? »

Le sous-titre :

« La réponse est non, car le dernier roman de Christine Angot, comme les précédents, est écrit à la pelle à tarte, négligé, insignifiant, banal, démagogique et con comme la lune. »

Démonstration :

le journaliste débute sa critique par un incipit d'Aragon (« La première fois qu'Aurélien vit Bérénice,il la trouva franchement laide. ») qu'il compare à la rencontre chez Angot (« La première fois que Billy a vu Hélène, c'était dans le couloir de l'hôtel. » p.7), puis il revient à Aragon (« Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. ») pour estoquer l'Angot (« Ca sentait l'herbe dans sa chambre, il voit quelqu'un qui regarde, il lui demande si elle est flic. »).

D'un côté, le rythme portant une vérité nue, de l'autre la platitude amplifiant l'insignifiance.

 

La suite de l'article est du même tonneau, humour et vacheries en sus.

 

Vous pourriez penser qu'il est facile d'enfoncer Angot en la confrontant à un génie tel qu'Aragon, comme si Doc Gynéco jouait sur la même planète que Bob Marley, ou bien que Ribéry se mesurait à Kopa … Que nenni ! Il faut du métier et beaucoup d'abnégation, ce qui auraient manqué en l'occurrence à 3 journalistes du Figaro se trouvant « dans l'impossibilité de critiquer le nouveau roman de Christine Angot : personne n'a réussi à le lire. », comme le rapporte un certain "N.U"dans une brève drôle et venimeuse (22 janvier 2011).

Si même le Figaro Magazine se met à défourailler …

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Dettes publiques : l'Allemagne ne paie pas

Publié le par Alexandre Anizy

 

Au jour d'aujourd'hui, l'Allemagne dominatrice donne des leçons de rigueur financière à ses clients européens, impose son point de vue qui ne touche pas aux intérêts de ses banques. En prime, elle sert un discours dégoulinant de morale : est-elle bien placée pour le faire ?

 

En 1921, la Commission des réparations de guerre (1914-1918) estime le coût des destructions en France à 34 Milliards de francs-or :

Biens privés :

Industries et Mines …........................................ 6.825

Agriculture, Forêt, Chasse et Pêche ….................. 8.806

Propriété bâtie ….............................................. 7.262

Propriété mobilière …........................................ 5.216

Bâteaux et matériels des voies navigables …........ 28

Total …........................................... 28.137

Biens publics …................................................ 2.195

Dommages spéciaux …..................................... 695

Dommages maritimes ….................................... 2.262

Algérie, colonies, étranger ….............................. 702

Total …........................................... 33.997

(source : « Histoire économique de la France entre les 2 guerres » d'Alfred Sauvy, éditions André Sauret, 1973, Tome 1, page 20)

 

A ces dommages subis, il faut ajouter d'autres pertes :

Usure du patrimoine …....................................... 10.000

Créances sur l'étranger …................................... 8.000

Réduction du stock d'or …................................... 3.000

Total Général …................................. 55.000

(source : idem)

 

A quoi correspond ce montant pharamineux de 55 Milliards de francs-or ?

« 55 milliards représentent environ 15 mois de Revenu National de 1913. Si l'on estime à 5 milliards les investissements annuels d'avant-guerre, c'est cet enrichissement pendant 11 ans qui a été perdu. » (A. Sauvy, ibid., page 23) [c'est nous qui soulignons]

 

Or ces dettes de guerre ne seront pas payées. C'est ce que montre Alfred Sauvy dans le 1er chapitre du tome 2.

Le montant total des dommages est fixée à 138 Milliards de marks-or, dont 126 dus par l'Allemagne (le reste par l'Autriche, la Hongrie et la Bulgarie), ce qui représentent environ 2,5 ans de Revenu National allemand d'avant-guerre.

« Comparons maintenant cette somme aux dommages français de l'occupation allemande 1940-1944 : en 4 ans seulement, ils s'élèveront à 1.287 milliards de francs 1938, soit près de 4 années de Revenu National 1938. » (p.15)

Le chiffre demandé aux Allemands en 1921 n'est donc pas si exorbitant : pendant 30 ans, 14 % de la production de richesse.

Il est bon de rappeler ici que de 1871 à 1875, la France quant à elle a payé à l'Allemagne 5 Milliards, soit 3 mois du Revenu National français.

Comme l'Allemagne ne respecte pas l'échéancier fixé, le plan Dawes va diminuer la dette. (accord du 14 janvier 1925)

Revenu au pouvoir en 1926, Poincaré accepte une nouvelle révision (ce sera le plan Young) qui réduira encore la créance de la France (de 17 % sur le plan Dawes).

« La valeur actuelle des annuités Young au 1er septembre 1929 est estimée à 40 Milliards de marks (dont la moitié environ pour la France). » (p.29) [c'est nous qui soulignons]

 

Or, quel est le bilan des réparations payées (de novembre 1918 au 30 juin 1931) ?

« La France a donc reçu 9.580 millions de marks-or sur un total de 22.981 millions pour l'ensemble des puissances alliées et associées. » (p.33)

Soit 41,69 % : force est de constater que la France n'a pas su défendre au mieux ses intérêts.

Après le 15 décembre 1932 (non paiement de l'échéance de la dette américaine), ce n'est plus qu'un lent effilochage du dernier plan en vigueur (dévaluation du dollar, des autres monnaies, suspension de l'amortissement, etc.).

Au final, le montant initial n'a donc jamais été payé par l'Allemagne.

 

 

Prenons un autre exemple : la Grèce, aujourd'hui.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, ce pays a subi une occupation par l'Allemagne, l'Italie et la Bulgarie. Ces 2 derniers pays ont payé les réparations décidées par plusieurs conférences internationales. L'Allemagne, non.

Cette dette allemande à l'égard de la Grèce est estimée en valeurs actualisées entre 80 et 160 Milliards d'euros, soit entre 29 et 59 % de l'ensemble de la dette publique grecque (270 Mds €, selon Eurostat)

Lorsque la question des réparations lui est posée, le gouvernement allemand répond (au Journal Officiel de la République Fédérale) :

« 65 ans après la fin de la guerre et après plusieurs décennies d'une coopération paisible, (…) la question des réparations a perdu sa légitimité (…) En outre, le versement de réparations plus de 60 ans après la fin des conflits armés serait un cas exceptionnel et sans précédent dans la pratique du droit international. »

Avec la Grèce, si l'on est cynique, on peut dire que l'Allemagne a perfectionné sa méthode : ne rien payer pendant des décennies, puis décréter l'illégitimité d'une dette tout en faisant observer qu'une éventuelle réactivation serait contraire à la jurisprudence du droit international.

 

 

D'un point de vue historique, force est de constater que l'Allemagne, le pays qui veut saigner les pays débiteurs européens comme la Grèce, connaît très bien le phénomène du non paiement des dettes : un de ses comportements ataviques.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chirac - Berlusconi : même échappatoire

Publié le par Alexandre Anizy

 

Le procès de Jacques Chirac est reporté sine die, grâce à une nouvelle manœuvre procédurière. Cahin-caha, l'affaire se dirigera vers un non jugement, en toute légalité.

En douce, grâce à cette fameuse QCP, l'oligarchie tente via le Conseil Constitutionnel de changer les règles du délit d'abus de biens sociaux : en ligne de mire, l'impunité des éventuels délinquants dans certaines vieilles affaires politico-financières …

 

En Italie, Berlusconi a dépensé beaucoup d'énergie pour faire voter des lois qui lui ont permis d'échapper à d'autres lois. Avec le « Rubygate » (la présumée pute marocaine mineure), tout semblait perdu pour son éminence … mais il reste encore un pays attardé où l'on déclare les naissances avec une grande souplesse, où on trouve des éléments de preuve concernant ce laxisme administratif sur lequel le souverain fermerait les yeux, puisqu'il est trop occupé à gérer la fortune royale placée dans les pays sûrs, plus au Nord. Finalement, la mineure serait majeure … le procès n'aura donc pas lieu.

 

Chirac ou Berlusconi : même échappatoire légale.

 

Partout, le vulgum pecus a compris que l'oligarchie s'accorde légalement un droit d'exemption permanente.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Pour estoquer "les petits" de Christine Angot

Publié le par Alexandre Anizy

 

Car voilà un roman, « les Petits » de Christine Angot (Flammarion, janvier 2011, 188 pages, 17 €), qu'on voudrait bien défendre, puisque le thème agace : le pouvoir démoniaque qui s'empare de certaines femmes lorsqu'elles deviennent mère. Malheureusement, il n'est pas vraiment traité. C'est étriqué, à l'unisson d'un style toujours aussi pauvre : le staccato d'Angot.

 

Sérieusement, le fait que le milieu germanopratin soutienne cet écri-nain ne manque pas de nous étonner, parce que si nous savons ce qu'il y a de maladroit chez Angot, nous cherchons encore ce qu'il y a de gauche.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

La petite de Yanny Hureaux

Publié le par Alexandre Anizy

 

Après le désastre de l'écri-nain pipole Angot, il nous fallait retrouver la pureté d'une émotion brute, sincère, c'est à dire en dehors de toute préfabrication monstrueuse.

Dans « la petite » (Julliard, 4ème trimestre 1974, 203 pages), Yanny Hureaux parvint à exprimer la douleur d'un père qui perd sa fille de 9 ans dans un accident de voiture, à la sortie de Charleville-Mézières.

 

Ce récit est un long cri et le travail stylistique rend compte, dès le départ, de l'anéantissement de l'auteur :

« Tu dors. Ce klaxon bloqué – qu'on arrache les fils, les cosses, les cosses de la batterie, mes cris – est-ce que je crie ? - cette sirène dans la nuit – oui, un pimpon, un pimpon nocturne, la pluie – il pleut ? - rien, rien ne te réveillera parce que chaque dimanche soir, au retour, dès la sortie de Charleville, il en est ainsi : tu tombes de sommeil. Le sommeil des berceaux. »

 

Ce livre bouleversant n'est malheureusement pas un chef d’œuvre, parce que Yanny Hureaux s'écarte trop du cœur de son sujet : 80 pages parasitent le message. Malgré ces boursouflures, on se souviendra encore de « la petite », tandis que les chiards d'Angot … .

 

 

Alexandre Anizy