La fonte de Houellebecq
En short et maillot noirs, Michel Houellebecq passe d'un appareil à un autre, le pas léger dans sa bulle : il travaille un peu dorsaux et abdominaux, biceps et triceps, suffisamment pour se vider la tête après un set d'écriture matutinal.
Si ses efforts intellectuels étaient aussi violents que ceux qu'il déploie en salle de musculation, ils frôleraient la nullité. Mais ce n'est pas le cas, même dans Soumission (Flammarion, janvier 2015, en livrel à 14,99 €).
L'art houellebecquien consiste à truffer sa prose de scènes porno à la manière de feu Gérard de Villiers, de considérations philosophiques pour appâter les germanophones, de propos tendancieux pour susciter la polémique utile au plan de promotion. Ce sont des impératifs commerciaux savamment intégrés dans la ligne de création : un style putassier, certes, mais un style.
Alors peu à peu, sous le feu des médias, le talent s'étiole de trop racoler. La fonte de Houellebecq devient inéluctable... et c'est ainsi qu'Allah est grand.
Alexandre Anizy