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L'hygiénisme fait le lit du transhumanisme

Publié le par Alexandre Anizy

Personne n’a oublié, du moins nous l’espérons, que le confinement de la société française fut la solution technique adoptée pour empêcher la révélation d’un scandale d’Etat : alors que la population augmente (et notamment celle du 3ème âge), quand on ferme des établissements de santé, quand on supprime des lits dans ceux qui restent, quand on diminue le nombre d’emplois du personnel soignant, on ne peut pas être capable de répondre à une situation exceptionnelle… Il fallait donc, quoi qu’il en coûte, empêcher la submersion des services de réanimation (pointe techniquement avancée du système… et élément signifiant du désastre de la Santé publique). Mais aujourd’hui, sommes-nous encore en situation exceptionnelle ?

 

 

Dans un article argumenté, la philosophe Chantal Delsol répond à cette question : « Nous en sommes aujourd’hui à un point où l’on peut mettre en cause sérieusement, et sans désir de polémique, l’existence même d’une situation exceptionnelle, c’est-à-dire d’une crise dangereuse pour la société entière. »¹ 40 millions de Français ayant reçu au moins une dose, et une large part des « personnes à risques » étant vaccinée, l’incapacité du système hospitalier à supporter une nouvelle surcharge est quasiment improbable.

Dans ces conditions, pourquoi le passe sanitaire ?  

C’est l’ouverture d’un nouveau chapitre de la biopolitique contemporaine mue par l’idéologie postmoderne : l’hygiénisme. Cette idéologie considère « la vie nue » comme essentielle. Par conséquent, elle vaudrait bien la fin momentanée de quelques libertés. En cas de péril commun, personne ne conteste la nécessité de mesures draconiennes, mais écrit la philosophe, « ce qui contestable, c’est l’idéologie hygiéniste qui élève le sanitaire au rang de valeur suprême et absolue »².  

Nous nous accordons à cette analyse.

 

Mais allons plus loin. Si la situation de péril a disparu, si l’état d’urgence finit… l’outil « passe sanitaire » commence et restera, parce que c’est un cliquet de la biopolitique de la Ligue libérale-radicale.  

Dans quelques années, un chapitre s’ouvrira officiellement au nom d’une « vie plus parfaite » : les sociétés auront basculé dans le transhumanisme. Alors les corps de quelques-uns pourront être améliorés grâce à un apport, de matériels techniques ou de parties humaines achetées, toujours négocié dans le cadre d’un contrat. Au moins l’orthodoxie libérale sera sauve…

            Politique ou « science sans conscience ne [sont] que ruine[s] de l’âme »³.   

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(¹) : Figaro du 27 juillet 2021.

(²) : Ibidem.

(³) : Rabelais, que nous complétons. 

Franz Bartelt écrit ce qui lui plaît

Publié le par Alexandre Anizy

Les années passent, l’insolence vandale reste.

 

Pour notre plaisir (lire ici etc.), Franz Bartelt est sorti du bois ardennais après avoir commis un nouveau polar : Un flic bien trop honnête (Seuil, mai 2021). Tout y passe, rien ne résiste à son humour vachard. Du San-Antonio sans l’esbroufe argotique et la fumisterie mercantile. En deux mots : plus classe.

 

« De temps en temps, sous l’effet d’un sentimentalisme désuet, il lui arrivait de déposer un bouquet sur le tombeau d’une de ses victimes, comme un chef d’entreprise cède parfois à la faiblesse de rendre hommage à un collaborateur enlevé à l’affection des siens par un accident du travail. Ce sont de menues initiatives qui réconcilient les coupables avec eux-mêmes, qui leur ristournent au moins l’illusion de l’innocence. La bonne conscience ne coûte jamais très cher. » (p.138 sur 154)

 

Si la philosophie un tantinet iconoclaste de Bartelt ne renverse rien, elle procure un bien fou aux lecteurs en les réconciliant avec l’espèce humaine, si joliment disséquée. C’est pourquoi, lui qui lutte contre le trou de la Sécurité sociale provoqué notamment par les benzodiazépines, le médecin intermittent mais vrai politicard Olivier Véran devrait recommander le remboursement de toute l’œuvre de Franz Bartelt… Après l’affaire des masques, il peut tout oser puisqu’on l’a déjà reconnu !

 

Alexandre Anizy

Macronesque Pessoa

Publié le par Alexandre Anizy

Un anti-Bartleby, somme toute.       

 

 

Immense est la nuit qui m'encercle,

Et noir le doute que je sens,

Mais avant que mon âme perde

La conscience dont je me mens,

 

Je veux que quelque chose mien

Puisse avoir plus que n'avoir rien.

 

Fernando Pessoa

(Pléiade, Œuvres poétiques)

 

La dernière brocante de Gérard Laveau

Publié le par Alexandre Anizy

Oyez braves gens ! Sortez des librairies battues, osez les samizdats !  

 

A faire qu’on tue, (Librinova, 2021, en direct ici ), tel est le titre du thriller de Gérard Laveau. On y retrouve les détectives Torpédo & Amer, de retour à Lyon, en quête d’une œuvre d’art volée en 1944…

« Un petit format que l’on a recentré par une large Marie-Louise. Scène brossée sur le motif une nuit d’août 1934, dans le hall d’un palace de la Côte. Facture Art Déco, larges à-plats, courbes sensuelles, privilégiant la stylisation à l’exactitude, exagérant les traites du personnage. Yeux trop saillants, bouche sévère. Vieillissant Ethan, qui avait tout juste six ans, que l’on avait tiré de son lit. En bas, à gauche, la signature Lempicka ressort, blanche sur fond de violine foncée. A peine trop évidente. » (p.116)

 

Lisez ce polar de Gérard Laveau, parce qu’il le vaut bien.

 

Alexandre Anizy