La France gréviste ? Les vrais chiffres
Avez-vous résisté au matraquage des médias, pour qui la France est le paradis des grévistes ? Difficile, n’est-ce pas, tant le chœur est à l’unisson, même dans les services publics.
Voici quelques chiffres que vous ne lirez pas souvent dans la presse, que vous n’entendrez pas beaucoup dans les entreprises audiovisuelles. Nous les devons à François DOUTRIAUX qui les a sortis dans Libération du 14 novembre 2007.
Le nombre de journées individuelles non travaillées pour fait de grève
4 millions en 1976 ;
3,5 millions en 1984 ;
2,1 millions en 1988 ;
900.000 en 2000 ;
1,2 millions en 2005.
Si on élimine les pics de 1982, 1995 et 2001, l’ampleur et la fréquence des mouvements sociaux diminuent, quand la population active augmente.
Substitution public / privé
En 1982, 2,3 millions de journées dans le privé / 200.000 dans le public ;
En 2005, 224.000 dans le privé / 1 million dans le public.
La part du public dans les mouvements sociaux est de 3 % dans les années 70, 30 % dans les années 80, 60 % à partir de 95.
Dans le secteur privé, en 2005, le nombre de journées (224.000) rapporté aux 16 millions de salariés représente 0,001 journée par salarié et par an, soit moins d’une ½ journée pour une carrière professionnelle de 40 ans !
Plus de grèves en France ?
« Sur la période 70-90, la France est 11ème sur les 18 pays les plus industrialisés en terme de journées non travaillées pour fait de grève. Avec 0,15 journée par salarié et par an, elle est 7,6 fois moins conflictuelle que l’Italie (1ère), 3,2 fois moins que le Royaume-Uni (7ème), 1,6 fois moins que les Etats-Unis (8ème).
Sur la période récente 90-05, la France demeure 11ème sur 18 avec une conflictualité qui s’est effondrée (0,03 journée de grève par salarié et par an) (…). »
Sur la période 90-05, le modèle nordique, tant encensé par la classe politique, présente une facette qu’on se garde bien de révéler : le Danemark est en tête du palmarès, la Norvège est 4ème, la Finlande 7ème.
La « flexsécurité nordique », c’est une conflictualité nettement plus importante qu’en France.
Est-ce vraiment un choix rationnel ? Est-ce vraiment un choix politique judicieux ? Nous en doutons.
Plutôt le signe d’une pensée économique et politique sclérosée.
Les grèves françaises sont d’envergure nationale ?
Pour la période 70-90, les conflits sociaux locaux représentaient 51,2 % des journées non travaillées pour fait de grève, contre 34,9 % pour les conflits généralisés (une profession) et contre 13,9 % pour les journées nationales.
Pour la période 90-05, les conflits locaux représentaient 85 % des grèves, contre 14 % de conflits généralisés et contre 1 % pour les journées nationales !
Où est le blocage économique (la France otage !, disent-ils) dont nous parlent le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA, ses sbires et les médias qui appartiennent à ses amis ?
Concluons avec François DOUTRIAUX :
« Pays le plus faiblement syndicalisé de l’Union Européenne, marqué par un taux de chômage élevé et une hostilité croissante des médias à l’égard des mouvements sociaux, la France n’est pas un pays de grévistes. »
Alexandre Anizy