Les archaïques des Banques Centrales III

Publié le par Alexandre Anizy

(Lire notre note I du 21 novembre 2007 « Les archaïques des Banques Centrales », note II du 30 novembre)

Les écarts de coûts salariaux unitaires (i.e. coût du travail par unité produite) sont les suivants : 7 fois entre la Chine, l’Inde, et l’Europe, Japon, Etats-Unis ; 3 fois entre l’Amérique latine et les pays développés cités ; 2 fois entre l’Europe centrale et les mêmes pays développés.

« Ces écarts entre les coûts de production sont trop importants pour pouvoir être corrigés par des variations des taux de change » (Patrick ARTUS, « les incendiaires. Les banques centrales dépassées par la globalisation », édition Perrin août 2007, p.42)  

 
Si on prend le cas chinois, on peut estimer le nombre de chômeurs déguisés à 300 millions (lire nos notes économiques sur le bluff chinois) : c’est une formidable armée de réserve. Si on ajoute à cela une productivité qui augmente de 10 % par an, il devient évident que les pays développés seront confrontés pendant des décennies à la concurrence des pays émergents dont les coûts salariaux sont faibles.

 
La croissance, thème central du candidat puis mantra du Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA, connaît une panne qui est occultée par 2 facteurs qui ont stabilisé les économies des grands pays développés :

  • Une politique budgétaire stimulante, ce qui signifie des déficits importants comme au Japon, soit 8 % du PIB, comme aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, soit plus de 2 % du PIB, comme dans la zone euro, soit environ 3 % du PIB ;
  • Une hausse de l’endettement des ménages (aux Etats-Unis, Royaume-Uni, zone euro sauf l’Allemagne) qui a soutenu la Demande.

Entre 1996 et 2005, le taux d’endettement des ménages dans la zone euro a évolué de 42 à 75 % de leur revenu, de 90 à 130 % de leur revenu aux Etats-Unis, de 100 à 160 % de leur revenu au Royaume-Uni.
 

« La hausse de l’endettement des ménages a donc largement caché les « vrais » effets de la globalisation sur la croissance aux Etats-Unis et dans la zone euro. » (Patrick ARTUS, idem, p.49)

 

Où est le risque d’inflation dont les experts de la BCE nous rabâchent les oreilles ?

La concurrence des pays émergents pousse et poussera longtemps encore à la baisse des prix des produits concurrencés mais aussi, par contagion salariale, à la baisse de l’ensemble des prix, tant que les coûts salariaux seront maintenus à un niveau très bas dans ces pays-là.

Bien sûr, il existe des hausses de prix : une inflation qui se situe autour de 2 % dans la zone euro et aux Etats-Unis.

« Mais il s’agit de simples variations des prix relatifs, pas d’inflation au sens monétaire. » (Patrick ARTUS, ibid., p.50)


Prenons l’exemple de la zone euro, où les archaïques de la BCE agissent pour que l’inflation totale soit inférieure à 2 % : hors énergie et alimentation, l’inflation dite sous-jacente est à 1,5 % environ. La différence correspond à la hausse des prix de l’énergie, notamment le pétrole.

« Mais la hausse du prix du pétrole n’est pas de l’inflation 
; c’est une hausse du prix relatif du pétrole par rapport à l’ensemble des biens et services produits qui reflète la rareté du pétrole. » (Patrick ARTUS, ibid., p.50)

« La hausse des prix des services, à 2,5 % par an dans la zone euro, n’a donc rien à voir avec de l’inflation, mais à ce que les économistes appellent l’effet Balassa – Samuelson, autrement dit un mouvement du prix relatif des services pour cause de productivité naturellement plus lente. Y repérer un facteur inflationniste, à l’instar de la BCE, constitue une grave erreur. » (Patrick ARTUS, ibid., p.52)

 

En clair, il n’y a pas d’inflation dans la zone euro.

« C’est un pur ajustement de l’économie réelle, lié à la rareté des matières premières ou à l’évolution de la productivité. L’inflation monétaire a été éradiquée par l’arrivée des pays émergents. »

 

Alexandre Anizy

A suivre … les archaïques des banques centrales IV