Pourquoi la Commission de Jacques ATTALI veut-elle de l'immigration ?
Pour relancer la croissance, Jacques ATTALI et sa commission proposent un recours à l’immigration sélective.
Dans un pays où on arrange les chiffres du chômage pour ne pas mécontenter le ministre de tutelle (lire note du 19 novembre « les bidouillages de l’INSEE »), cela fait sourire.
Dans un pays où on impose un objectif quantitatif d’expulsion d’immigrés irréguliers au ministre en charge de ce dossier, on peut s’esclaffer sans retenue.
Cela dit, que penser de cette proposition ?
Si l’insuffisance de travail était vraiment le frein à la croissance dans l’économie française, alors le technocrate Jacques ATTALI, qui ne manque pas de bon sens (du moins nous le supposons), aurait dû préconiser ardemment, sans tenir compte des contingences politiciennes, les mesures suivantes par ordre de priorité :
- Abrogation de la loi sur les 35 heures ;
- Mesures facilitant le recours aux heures supplémentaires ;
- Mesures facilitant le recours à l’intérim ;
- Mesures plus contraignantes pour les chômeurs (objectif : un retour impératif à un emploi) ;
- Possibilité pour les entreprises d’aller chercher à l’étranger le personnel qualifié si elle prouve la carence nationale.
En clair, remettre en cause toutes les mesures limitatives.
Constatons qu’on ne préconise pas une démarche logique et graduelle, puisqu’on fait le forcing sur « la dernière ressource potentielle ».
Que penser de cette solution d’immigration sélective ?
En bon technocrate, Jacques ATTALI (et sa commission) a-t-il pris en compte le coût de l’immigration actuelle pour estimer les bénéfices réels de cette proposition ? « L’immigration actuelle a déjà un coût réel qui est difficilement supportable pour la France, que mon collègue Jacques BICHOT a estimé à 24 Milliards d’euros par an. Il faudra y ajouter le coût de l’intégration inéluctable des immigrés déjà présents sur le territoire national, pour un montant que j’ai moi-même estimé à 12 Milliards d’euros par an. » Gérard LAFAY (Professeur à l’université Paris II ; Figaro 12 janvier 2008).
De plus, on doit s’interroger sur la cohérence économique de Jacques ATTALI. En effet, sélectionner et attirer les travailleurs qualifiés des pays pauvres, c’est priver de compétences les pays concernés et ipso facto les maintenir dans un état de dépendance vis-à-vis des pays riches : pour le continent africain (Maghreb et Afrique subsaharienne), ce serait désastreux. Il serait temps que Jacques ATTALI débogue son logiciel interne et qu’il mette sa « pendule politique » à l’heure : pour un intellectuel, la schizophrénie est particulièrement malsaine.
Donc, que ce soit d’un point de vue strictement national ou d’un point de vue plus global, l’immigration sélective est une fausse solution.
En définitive, quel est l’objectif réel de l’immigration sélective ?
Maintenir la pression à la baisse sur les salaires des emplois qualifiés, alors que les départs en retraite des baby-boomers vont créer une tension sur le marché du travail, si toutes les choses restent égales par ailleurs.
Ce qui va à l’encontre de la croissance.
Alexandre Anizy