La désinvolture de Dominique STRAUSS-KAHN
Dans un entretien au Journal du Dimanche le 16 décembre 2007, Jacques ATTALI a exprimé toutes ses inquiétudes pour 2008.
Il remarque que les Etats-Unis restent aveugles devant leurs problèmes économiques alors que la campagne électorale commence : une récession se profile à l’horizon et elle n’épargnera pas l’Europe.
L’origine de cette récession, c’est bien sûr la crise des « subprimes » : « Elle a détruit en quelques mois des richesses égales à 10 % du PIB mondial, soit 4.000 Milliards de dollars, c'est-à-dire 50 fois plus que les pertes générées dans les industries de pointe par l’explosion de la bulle Internet. » (Jacques ATTALI, idem)
Comment est-ce possible ?
« (…) les banques ont reprêté leurs prêts à n’importe qui, pour les racheter ensuite beaucoup plus cher. C’était à la mode. Devant la révélation de la folie que cela représentait, on est passé, en une semaine, de l’euphorie à la panique : plus personne ne prête à personne. » (Jacques ATTALI, ibidem) Notons que cette méfiance généralisée a perduré puisque les banques centrales, y compris la BCE en contradiction avec son credo anti-inflation, ont injecté à nouveau des montants énormes de liquidités en fin d’année : ceci facilitera le toilettage des bilans des banques, mais repoussera d’autant le retour de la confiance sur le marché interbancaire.
Pourtant, souligne Jacques ATTALI, « tout est en place pour une forte croissance de longue durée de l’économie mondiale. L’épargne est abondante, les progrès techniques et la consommation de vastes populations nouvelles sont au rendez-vous. Mais nous manquons d’une régulation au centre : celle des banques centrales et du G8. Il est urgent de réduire les taux directeurs en Europe, pour relancer la consommation. » (Jacques ATTALI, ibid.)
« Et si les banquiers continuent à paniquer, nous risquons une crise de 29. » (Jacques ATTALI, ibid.)
On sait le rôle funeste joué par les banques en 1929, ne serait-ce qu’en lisant « la crise économique de 1929 : anatomie d’une catastrophe financière » de John Kenneth GALBRAITH (Payot 1989).
Mais, hormis cette référence à 1929, Jacques ATTALI ne prétend pas assimiler la crise actuelle à celle de 1929 : il avance plutôt les arguments contraires dans cet entretien.
De passage à Paris, le professeur Dominique STRAUSS-KAHN n’a pas pu s’empêcher de faire la leçon devant ce qu’il reste de ses troupes de notables socialistes. En substance, il affirma que nous sommes face à une crise financière, alors que 1929 était une crise de production.
Si c’était une pique à l’encontre d’ATTALI l’ex éminence grise du francisquain MITTERRAND, STRAUSS-KAHN le socialiste ami des patrons du CAC 40 aurait pu faire l’effort de lire entièrement les propos d’ATTALI : les déclarations péremptoires ne valent que pour les gogos.
Parce que STRAUSS-KAHN a été l’artisan de la création de la société EADS qui constitue un hold-up de la famille LAGARDèRE (lire note « Pour Jacques JULLIARD l’affaire EADS est trop compliquée pour indigner les foules » du 15 octobre 2007),
Parce que nous nous souvenons des factures antidatées du consultant STRAUSS-KAHN,
Parce que nous nous souvenons de la cassette MéRY laissée négligemment dans un coffre de sa voiture personnelle (sans l’avoir regardée, ne l’oublions pas …),
nous considérons que la désinvolture est la marque du Directeur du FMI.
Alexandre Anizy