Pour Nicolas BAVEREZ 2008 ne sera pas 1929
Pour Nicolas BAVEREZ, la crise de 2007 est multiforme : retournement du cycle mondial, krach immobilier avec dégonflement des liquidités qui aboutissent à un rationnement du crédit bancaire et une hausse des taux.
La crise est globale, puisqu’elle touche l’économie réelle des Etats-Unis, du Japon, de l’Europe : baisse de la consommation et de l’investissement.
La crise est structurelle et durable : c’est la fin d’un modèle fondé sur la dynamique de consommation des Américains, sur le crédit abondant à faible coût, sur une inflation sous-jacente très limitée, sur la baisse parallèle des taux, des matières premières et des biens industriels.
2008 sera l’année du choc : crédit bancaire bloqué, hausse des taux, baisse des prix immobiliers aux Etats-Unis, au Royaume-Uni et en Espagne, menace de faillites de ménages (> 2 millions rien qu’aux Etats-Unis) et d’entreprises, une récession possible aux Etats-Unis et une croissance de 1,5 % en Europe et au Japon.
La crise met en évidence le basculement de l’économie mondialisée vers le Sud. « Aujourd’hui, la crise venue du système financier américain contraint les pays de Nord à accepter le sauvetage de leurs institutions financières par les fonds souverains des superpuissances du Sud et des pétromonarchies. » (Nicolas BAVEREZ, le Monde 9 janvier 2008)
D’un point de vue strictement géographique, il est plus juste de parler d’Orient plutôt que de Sud, puisque les pétromonarchies, le Japon, la Chine, l’Inde, sont dans l’hémisphère Nord.
« Le Nord ne perd pas seulement le monopole de la production et de l’innovation, mais celui du contrôle des actifs stratégiques et de la régulation du capitalisme mondialisé. » (Nicolas BAVEREZ, idem)
2008 ne sera pas 1929, parce que la mondialisation produira toujours ses effets positifs, à savoir l’ouverture économique, l’innovation, l’enrichissement des populations des pays pauvres (ceci est un argument d’une grande faiblesse, et tout à fait contestable), parce que le secteur industriel conservera des structures financières saines et une rentabilité élevée, parce que le marché des actions n’est pas surévalué.
« De nombreux moyens restent disponibles pour prévenir les risques d’effondrement du crédit ou de récession. (…) Cela implique notamment que la BCE rompe avec une stratégie schizophrène accommodante sur le plan de la liquidité et restrictive dans son refus de diminuer les taux et dans sa défense d’un euro surévalué. » (Nicolas BAVEREZ, ibidem)
2008 pour la France, ce sera : une croissance de 1,5 %, une inflation de 2,5 %, un déficit public de 3 % du PIB, une dette publique de 65 % du PIB.
Nous trouvons indéniablement beaucoup d’éléments pertinents dans cet article de Nicolas BAVEREZ.
Mais Nicolas BAVEREZ est un battant : 2009-2010 verra une reprise, nous dit-il. La France en profitera pleinement si elle continue à se libéraliser… (Nous vous épargnons la liste des démolitions)
Il est vrai que la condition sine qua none de la reprise est la confiance, dont le préalable est la croyance.
Alexandre Anizy