4 Professeurs à l'Université au secours de la Société Générale : une guerre de Bouton ?

Publié le par Alexandre Anizy

Dans le Figaro du 30 janvier, 4 éminents Professeurs d’Université volaient au secours d’une banque ridiculisée avec un article titré « Société Générale : ne nous trompons pas de cible ! ».

L’intention était louable, avec des propositions sérieuses.

 
D’abord, ils rappelaient que l’affaire de la Société Générale ne représentait qu’un scandale financier de 7 Milliards d’euros, quand les spéculations folles de LCTM (Long Term Capital Management) avaient coûté plus de 100 Milliards de dollars en 1998. C’est vrai.

Ensuite, ils affirmaient que les clients de la Société Générale n’étaient pas menacés. « (…) les banques françaises en général, dont la Société Générale, sont des banques parmi les plus solides de la planète. » C’est vrai. En tout cas, avant la crise des subprime et les agissements d’un trader voyou livré à la vindicte populaire par son employeur honorable.

De plus, ils pointaient un risque zéro qui n’existe pas, même avec la sophistication de l’informatique et la complexité de la finance moderne. C’est vrai.

Enfin ils soulignaient que surtout « (…) il convient de s’inquiéter des 2 Milliards d’euros de pertes annoncées sur le marché des subprime (alors que les estimations précédentes étaient de 500 millions d’euros). (…). Nous assistons, en effet, aujourd’hui à l’enclenchement d’une crise bancaire qui va bien au-delà du marché hypothécaire américain et qu’il est urgent d’enrayer. Car sinon, c’est une très grave crise économique qui pourrait éclater. » C’est absolument vrai.

 
Mais quand ils enchaînaient aussitôt sur :

  • Pas de victimes expiatoires (mais acceptent-t-ils le bouc émissaire Jérôme KERVIEL ?) : Daniel BOUTON est bien placé pour gérer la crise ;
  • Pas de nouvelles réglementations réclamées à cor et à cri ;

Nous sommes déjà moins convaincus de la pertinence de ce genre de propos.

 
Quand ils demandaient qu’au niveau microéconomique :

  • On veille à ce que la Société Générale ne soit pas rachetée à vil prix ;
  • On renforce le contrôle interne de toutes les banques de la planète ;

Nous constatons que leur appel microéconomique a aussi les allures d’un film dont le titre serait « il faut sauver le Maréchal BOUTON » et d’une vaine exhortation, comme les réclamations à cor et à cri …

 
Quand ils proposaient pour le niveau mésoéconomique :

Une augmentation des fonds propres de toutes les banques pour enrayer la crise de confiance ;

Un examen des modes de régulation des acteurs de la globalisation financière ;

Force est de constater qu’ils doivent songer à de nouvelles réglementations, à moins qu’ils ne croient aux opérations du Saint Esprit … ou à la main invisible pour mettre en œuvre ces 2 propositions.

 
Quand enfin, au niveau macroéconomique, ils invitaient à « (…) réfléchir au rôle que jouent les autorités de contrôle bancaires et les banques centrales et aux limites que présentent certaines réglementations comptables (IFRS) ou prudentielles (Bâle II) », nous applaudissons des 2 mains.

 
Alors, où est le gag ?

Cet article, fort intéressant sur le fond, qui vise à améliorer le fonctionnement de la sphère financière notamment par le biais d’un meilleur gouvernement d’entreprise et d’une transparence accrue, est signé par des « Professeurs à l’Université ».

Ce qui est vrai, mais :

  • Olivier PASTRé est aussi banquier depuis plus de 20 ans ;
  • Patrick ARTUS est aussi directeur des études économiques de Natixis (banque d’affaires) ;
  • Bertrand JACQUILLAT est aussi co-fondateur et Président Directeur Général d’Associés en Finance, société de conseil en économie financière, administrateur de sociétés comme Total, Klépierre, Presse Universitaire de France ;
  • Jean-Hervé LORENZI est aussi conseiller du directoire de La Compagnie financière Edmond de Rothschild.

 
Décidément, pour la transparence, le monde de la Finance a d’énormes progrès à faire.

 
Alexandre Anizy