Crise : où en sont les pertes ?

Publié le par Alexandre Anizy

En plein scandale de la Société Générale qui prétendait en octobre avoir les choses sous contrôle et n’être délestée que de 500 millions, et qui va inscrire plus de 2 Milliards à son bilan 2007, le moment est opportun de faire le point.
 

Le montant total des subprimes s’élève à 1.200 Milliards de dollars.
 

Un résumé de la crise des subprimes par Claude BéBéAR, Président du Conseil de Surveillance d’ AXA qu’on présente parfois comme le « pape du capitalisme français », dans son intervention du 17 octobre 2007, cité par Marianne 26 janvier 2008 (savourons le ton ironique) :

« Je trouve que la crise des subprimes frise l’escroquerie. Qu’est-ce, en effet, qu’une subprime ? Un agent, généralement une banque, prête de l’argent sur 30 ou 40 ans à un malheureux client inconscient des risques qu’il prend. (…) Il souscrit et, comme il s’est endetté au maximum de ses possibilités, il ne pourra pas payer si les taux augmentent. Le prêteur cherche alors un gogo suffisamment stupide pour reprendre ce produit trop risqué. Aucune chance de le trouver sur les marchés ! L’agent s’adresse alors à un mathématicien, généralement français, qui va bâtir un produit dit « structuré »… dans lequel une chatte ne retrouverait pas ses petits. Après cette astucieuse construction, on demande à une agence de rating de donner une notation à ce produit. Ladite agence emploie des jeunes gens très sympathiques, parfois même intelligents, mais qui souvent, ne comprennent rien au « produit structuré » qu’on leur offre (je caricature à peine). Ceux-ci notent d’un triple A ou un double A qui va permettre de vendre le produit. On peut le refiler directement au consommateur de base, qui ne comprend pas grand-chose, mais la chose la plus étonnante, c’est qu’on le vend aussi à des institutions comme AXA, par exemple. Nous avons chez nous des gens qui les achètent, peu, j’espère ! D’abord parce qu’ils sont payés pour ça à la commission (il faut donc qu’ils fassent des affaires). Ensuite ils se fient aux avis des sociétés de rating (« rating AAA, rating AA… c’est excellent, je prends ! »). Ils sont jeunes, ça leur passera, ils feront autre chose et d’autres jeunes gens les remplaceront et feront les mêmes erreurs. C’est comme ça que le système fonctionne. Au départ, on a une opération légale mais à la limite de l’honnêteté. On répartit ensuite les risques sur tout le marché. On évite donc le risque systémique, ce n’est pas l’émetteur qui fera faillite, mais le malheureux qui se situe au bout de la chaîne. (…) Chose admirable ! »


Connaissant les statistiques sur les défauts de paiement des ménages en général et sur les crédits immobiliers en particulier, l’agence Standard & Poor’s a chiffré le coût de la crise pour le secteur financier mondial à 265 Milliards de dollars.
 

Au 25 janvier 2008, nous en étions à 130 Milliards :

24,5 pour Merril Lynch
22,1 pour Citigroup
14,4 pour UBS
10,7 pour HSBC
9,4 pour Morgan Stanley
7,9 pour Bank of America
6,5 pour Washington Mutual
4,9 pour Crédit Agricole
4,7 pour Wachovia
3,2 pour JP Morgan Chase
3,2 pour Canadian Imperial Bank of Commerce
2,7 pour Barclays
2,6 pour Bear Stearns
2,5 pour Royal Bank of Scotland
2,3 pour Deutsche Bank
2,0 pour Société Générale
1,7 pour Wells Fargo
1,5 pour Lehman Brothers
1,5 pour Mizuho Financial Japon
1,4 pour National City
1,0 pour Crédit Suisse
0,9 pour Nomura Holding Japon

 
Aux suivants !

 
Un exemple de la contamination : le laboratoire Bristol Myers vient de passer une charge comptable de 275 millions de dollars pour enregistrer la perte de valeur d’obligations adossées à des créances immobilières.
 

De plus, les rehausseurs de crédit comme MBIA, Ambac, SCA ou FGIC, ont assuré 2.400 Milliards de dollars d’obligations de qualité médiocre. Comme les défauts de paiement des emprunteurs augmentent, ces assureurs sont touchés, si bien qu’ils pourraient perdre leur notation AAA, ce qui déclencherait une nouvelle vague de charges comptables dans les banques qui ont des titres imprudemment garantis.

Les autorités américaines planchent sur le sujet : comment sauver les rehausseurs de crédit ?

 

Alexandre Anizy