Crise : Bernard MARIS pour un retour à la régulation des banques

Publié le par Alexandre Anizy

Bernard MARIS, professeur d’économie à l’université Paris VIII, est aussi l’auteur réputé d’un « antimanuel d’économie » en 2 tomes. Il s’est exprimé le 28 janvier 2008 dans Libération sur l’affaire Société Générale.

« Est-ce le casse d’une personne, ou l’incompétence et l’amateurisme d’une banque ? Ce trader n’a rien d’un Arsène Lupin des temps modernes, plutôt le symbole d’une finance folle. »

En quelques mots, il dresse ensuite un portrait psychologique des jeunes traders : « Les nouveaux traders vivent dans une double bulle : financière et personnelle. Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font, prennent des options sur cours boursiers pour le plaisir de jouer, de spéculer. Ils évoluent dans un autre univers qui loue la mythologie de la finance. (…) Ils vivent dans Second Life (…). »
 

Concernant les hauts dirigeants, Bernard MARIS est sans illusion : « (…) on commence à comprendre ce qu’est une banque avec ses hauts dirigeants. Un mélange d’irresponsabilité et de cupidité. Avec un saupoudrage de vague à l’âme quand les banquiers appellent à la morale. Là on peut commencer à rire… (…) Ils jonglent avec la gestion des comptes, qui pèsent pour la moitié de leurs fonds propres, alors qu’ils devraient se contenter de gérer l’épargne en « bon père de famille ». (…) Et ils ne savent même pas, la plupart du temps, ce qu’il y a dans leurs comptes. La preuve avec les subprimes… Ce qui n’empêche pas le boss de Merril Lynch de partir avec 165 millions de dollars. Cela raconte assez bien un système sans moral, sans contre-feux. »

 
Bien sûr, la crise est possible : « La finance, surréaliste, s’est muée en parasite qui ponctionne de la valeur sur l’économie réelle : le travail. (…) La part des dividendes nets distribués aux actionnaires par les entreprises françaises pesait 5,9 % en 1978. En 2006, elle a bondi à 21,9 %. C’est dans ce monde que prospère l’opacité d’un système bancaire mondial qui ne parle que de transparence et d’efficience. (…) Et les incantations des politiques à plus de régulation sans que cela soit suivi d’effets tout aussi vertigineuses … »

 
Pour Bernard MARIS, il faut « mettre fin à la spéculation avec l’argent des autres » comme le disait déjà ROOSEVELT en 1933. Comme Daniel COHEN (voir notre note économique du 22 janvier 2008), il préconise la purge.

« (…) c’est la pédagogie de la catastrophe. Il faut un krach considérable. Une purge. Il a fallu la crise bancaire de 1929 pour qu’il y ait un New Deal (…) Nationalisation des banques, distinction entre banque de dépôts et banque d’affaire, loi sur les réserves obligatoires. Tout cela a disparu. Et on voit aujourd’hui les banques centrales voler au secours des fautifs … »

Concernant les banques centrales, le constat de Bernard MARIS est sans appel : « (…) à leur tête, on a des banquiers qui refilent de l’essence [des liquidités, ndaa] aux banques à sec et leur disent : « allez-y, repartez à fond » jusqu’au prochain platane. »

 

Les propositions essentielles de Bernard MARIS ?

  • Régulation des banques ;
  • Distinction stricte entre banques d’affaires et banques d’épargne ;
  • Encadrement du crédit.

Le dernier point mériterait d’être développé pour permettre d’en juger la pertinence.

 
Alexandre Anizy