ARCELORMITTAL : les bobards de Lakshmi MITTAL
En plein raid sur ARCELOR, en avril 2006, le capitaliste Lakshmi MITTAL invitait presse, radios et télés sur le site industriel de Gandrange qu’il appelait « sa vitrine sociale » pour délivrer son message : il ne toucherait pas aux emplois et aux outils de production qu’il trouvait très performants.
Contrairement à ce qu’affirmait à l’époque le ministre de l’Economie Thierry BRETON, Lakshmi MITTAL connaissait très bien la grammaire des affaires.
Incroyable ! Ce qui était très performant en avril 2006 devient en 2007 une unité de production pas assez compétitive, avec 30 millions de pertes paraît-il. Pourquoi ? « Les coûts de production y sont trop élevés et, avec la hausse des matières premières, nous avons intérêt à nous approvisionner ailleurs plutôt que de produire l’acier nous-mêmes. », dit le directeur du site Bernard LAUPRÊTRE.
Dites, Mr. LAUPRÊTRE, ce changement stratégique des approvisionnements était-il impensable en avril 2006 ?
Fiction économique (pour les cinéphiles, proche du mécanisme dépeint dans « Mille Milliards de dollars » de Henri VERNEUIL avec Patrick DEWAERE) :
- Vous prenez par exemple une multinationale industrielle intégrée (i.e. maîtrisant toute la chaîne, des matières premières aux produits finis) ;
- Toutes choses égales par ailleurs, elle souhaite améliorer ses profits ;
- Comment peut-elle justifier la quasi fermeture d’un site « performant » dont les coûts élevés de production sont connus depuis longtemps et qui n’ont pas tous variés de manière significative durant l’année incriminée ?
- Réponse : en ne maîtrisant pas le prix d’un intrant (les matières premières par exemple) ;
- Vous obtenez un site déficitaire en 1 an.
Question à Mr LAUPRÊTRE : qui fournit en 2005, 2006 et 2007 les intrants du site de Gandrange ? À quels prix ? Etc.
ARCELORMITTAL a présenté ses résultats pour 2007 : bénéfice net en hausse de 30 % (7,5 Milliards €) pour un Chiffre d’Affaires en croissance de 18,8 %, sans avoir augmenté sa production d’acier.
Le nouveau projet industriel de MITTAL pour Gandrange est le suivant : on arrête la production d’acier (soit 595 emplois supprimés, soit 60 % environ de l’effectif total) et on spécialise le site avec le laminoir LCB.
« C’est n’importe quoi, tout le monde sait que le laminoir est voué à la fermeture s’il est coupé d’une alimentation sur le site. » dit Jacky MASCELI, élu de la CGT.
« Ils disent qu’ils vont l’alimenter par l’Allemagne qui est à 400 km … et puis un jour ils nous diront que les coûts de transport sont trop élevés et il faudra fermer le site », prédit Edouard MARTIN, membre de la CFDT.
A Gandrange, on connaît la stratégie du salami : pour l’avaler, on le découpe par tranches plus ou moins fines.
Mais le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a déjà obtenu la suspension du plan de fermeture partielle du capitaliste MITTAL : jusqu’au début d’avril.
Après les élections, pour ceux qui n’auraient pas suivi.
Le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a promis qu’il rencontrerait le capitaliste MITTAL avec un contre-projet pour sauver l’usine.
Le député Aurélie FILIPETTI (PS, ex Verts) estime que « (…) SARKOZY fait fausse route lorsqu’il promet (…) de l’argent public pour sauver l’aciérie [de Gandrange]. Nous refusons que se répète cette logique choquante de privatisation des bénéfices et de nationalisation des pertes. »
Mais faut-il rappeler que Bruxelles veille (pas d’immixtion de l’Etat dans les affaires !), que ARCELORMITTAL n’est pas vendeur ?
Alors ?
« C’est le Président de la République après tout. S’il prend des engagements, il ne peut pas agir à la légère », dit Xavier LE COQ, membre de la CFE-CGC.
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent : tout le monde ne l’a pas encore compris à Gandrange, ou ailleurs.
Alexandre Anizy