Soutenir des banques légères ? Saisir des opportunités

Publié le par Alexandre Anizy

La Fed joue avec virtuosité (?) sur son clavier : baisse des taux, injection de liquidités, prêteur en dernier ressort (fonction essentielle d’une banque centrale). Le dollar est la variable d’ajustement : c’est le reste du monde qui paiera la note.

Le silence des ministres de l’Economie du G7 montre soit leur impuissance, soit leur approbation du choix politique des Américains.

Le Président de la Fed Ben BERNANKE, qui a étudié et écrit sur la crise de 1929, ne commettra pas les erreurs de cette époque-là.

 
La crise, c’est aussi une fenêtre de tir idéale pour ceux qui peuvent profiter de la fragilité d’autres acteurs. Par exemple, l’euro fort est une aubaine pour les sociétés européennes (emplettes aux USA).

La banque Bear Stearns a été rachetée par JP Morgan pour 1 % de sa valeur boursière de début mars.

Que penser de la Société Générale qui vaut moins de 30 Milliards d’euros en Bourse, quand ses fonds propres s’élèvent à près de 33 Milliards, après l’augmentation de capital très habilement négociée par son Président Daniel BOUTON ?

 

Quant à la légèreté des banques, la question mérite d’être posée, comme le font Isabelle HUAULT et Hélène RAINELLI-LE MONTAGNER (Libération du 14 mars 2008). Voyons quelques éléments de réponse.

« La crise actuelle n’est pas la conséquence d’un moment d’inattention des banques. »

« En 1996, le sociologue Michael ABOLAFIA soulignait déjà le comportement paradoxal des banques face aux opportunités offertes par les marchés financiers. (…) elles encouragent leurs traders à participer au jeu spéculatif (…) Mais dans le même temps (…) préserver leur respectabilité en projetant une image de stabilité et de gestion prudente. Ce paradoxe les amène à organiser de manière très particulière l’activité des traders, qui sont rémunérés principalement en salaire variable, et sont isolés des autres métiers de la banque dans des centres financiers spatialement circonscrits. »

« La flexibilité presque infinie de la matrice mathématique d’où sont issus les produits dérivés masque le caractère difficilement contrôlable des innovations engendrées. »
A savoir : la comptabilité peine à les prendre en compte, le droit est à la traîne, et pire, leur évaluation financière est approximative !

« Tous ces à peu près, tolérés par le système tant que le marché reste porteur, finissent par se retourner contre lui en cas de crise. » En effet.

 
Les banques n’ignoraient pas l’instabilité du système financier mondial, mais elles ne voulaient pas se priver des gains faciles.

 
Alexandre Anizy