ARCELOR MITTAL : Lakshmi MITTAL connaît vraiment la grammaire des affaires
Aujourd’hui se tient le comité d’entreprise du site de Gandrange d’ARCELOR MITTAL. Ce que Lakshmi MITTAL avait planifié sera réalisé.
Il démontre une nouvelle fois qu’il connaît parfaitement la grammaire des affaires (faire plaisir à l’Elysée notamment en reportant la décision après les élections municipales ; paraître un homme de dialogue ouvert à une négociation sur un contreprojet émanant des syndicats …) , n’en déplaise au prétentieux et condescendant Thierry BRETON.
Voici ce que nous écrivions dans la note du 21 février 2008.
En plein raid sur ARCELOR, en avril 2006, le capitaliste Lakshmi MITTAL invitait presse, radios et télés sur le site industriel de Gandrange qu’il appelait « sa vitrine sociale » pour délivrer son message : il ne toucherait pas aux emplois et aux outils de production qu’il trouvait très performants.
Contrairement à ce qu’affirmait à l’époque le ministre de l’Economie Thierry BRETON, Lakshmi MITTAL connaissait très bien la grammaire des affaires.
Incroyable ! Ce qui était très performant en avril 2006 devient en 2007 une unité de production pas assez compétitive, avec 30 millions de pertes paraît-il. Pourquoi ? « Les coûts de production y sont trop élevés et, avec la hausse des matières premières, nous avons intérêt à nous approvisionner ailleurs plutôt que de produire l’acier nous-mêmes. », dit le directeur du site Bernard LAUPRÊTRE.
Dites, Mr. LAUPRÊTRE, ce changement stratégique des approvisionnements était-il impensable en avril 2006 ?
Fiction économique (pour les cinéphiles, proche du mécanisme dépeint dans « Mille Milliards de dollars » de Henri VERNEUIL avec Patrick DEWAERE) :
- Vous prenez par exemple une multinationale industrielle intégrée (i.e. maîtrisant toute la chaîne, des matières premières aux produits finis) ;
- Toutes choses égales par ailleurs, elle souhaite améliorer ses profits ;
- Comment peut-elle justifier la quasi fermeture d’un site « performant » dont les coûts élevés de production sont connus depuis longtemps et qui n’ont pas tous variés de manière significative durant l’année incriminée ?
- Réponse : en ne maîtrisant pas le prix d’un intrant (les matières premières par exemple) ;
- Vous obtenez un site déficitaire en 1 an.
Question à Mr LAUPRÊTRE : qui fournit en 2005, 2006 et 2007 les intrants du site de Gandrange ? À quels prix ? Etc.
ARCELORMITTAL a présenté ses résultats pour 2007 : bénéfice net en hausse de 30 % (7,5 Milliards €) pour un Chiffre d’Affaires en croissance de 18,8 %, sans avoir augmenté sa production d’acier.
Le nouveau projet industriel de MITTAL pour Gandrange est le suivant : on arrête la production d’acier (soit 595 emplois supprimés, soit 60 % environ de l’effectif total) et on spécialise le site avec le laminoir LCB.
« C’est n’importe quoi, tout le monde sait que le laminoir est voué à la fermeture s’il est coupé d’une alimentation sur le site. » dit Jacky MASCELI, élu de la CGT.
« Ils disent qu’ils vont l’alimenter par l’Allemagne qui est à 400 km … et puis un jour ils nous diront que les coûts de transport sont trop élevés et il faudra fermer le site », prédit Edouard MARTIN, membre de la CFDT.
A Gandrange, on connaît la stratégie du salami : pour l’avaler, on le découpe par tranches plus ou moins fines.
Mais le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a déjà obtenu la suspension du plan de fermeture partielle du capitaliste MITTAL : jusqu’au début d’avril.
Après les élections, pour ceux qui n’auraient pas suivi.
Le Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA a promis qu’il rencontrerait le capitaliste MITTAL avec un contre-projet pour sauver l’usine.
Le député Aurélie FILIPETTI (PS, ex Verts) estime que « (…) SARKOZY fait fausse route lorsqu’il promet (…) de l’argent public pour sauver l’aciérie [de Gandrange]. Nous refusons que se répète cette logique choquante de privatisation des bénéfices et de nationalisation des pertes. »
Mais faut-il rappeler que Bruxelles veille (pas d’immixtion de l’Etat dans les affaires !), que ARCELORMITTAL n’est pas vendeur ?
Alors ?
« C’est le Président de la République après tout. S’il prend des engagements, il ne peut pas agir à la légère », dit Xavier LE COQ, membre de la CFE-CGC.
Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent : tout le monde ne l’a pas encore compris à Gandrange, ou ailleurs.
Alexandre Anizy