La mue forcée du Crédit Agricole

Publié le par Alexandre Anizy

Dans le dernier trimestre 2007, les gens bien informés, les experts de la finance, nous disaient que la France et ses banques seraient peu touchées par la crise financière enclenchée par les fameux « subprimes » : il faut bien rassurer le chaland.

Concernant le Crédit Agricole, nous constatons aujourd’hui que le total de ses dépréciations d’actifs (2ème semestre 2007 + 1er trimestre 2008) s’élève à 5,415 Milliards d’euros. A titre de comparaison, le Crédit Suisse, une des premières banques à avoir pris des mesures drastiques d’assainissement en 2007, a déprécié pour 5,196 Milliards d’euros d’actifs sur la même période.

Alors que toutes les banques françaises n’ont pas encore publié leurs résultats du 1er trimestre 2008 (on attend ceux de NATIXIS par exemple), le montant total de leurs dépréciations s’élève à 13,6 Milliards d’euros. Pour information, les analystes de Citigroup ont évalué à 32 Milliards le risque des banques françaises.

En ce qui la concerne, la banque du milieu rural (historiquement) semble enfin décidée à prendre le taureau par les cornes.

En effet, le Crédit Agricole vient d’annoncer la levée de 6 Milliards d’euros pour se mettre au niveau des normes prudentielles les plus conservatrices : après une déconfiture, il faut toujours aspirer aux normes les plus vertueuses pour rassurer … c’est le b-a ba de la communication.

Autre règle de base en période de crise : le choix d’un bouc émissaire.

Marc LITZLER, à peine installé aux commandes de la banque d’investissement du Crédit Agricole (été 2007), va être limogé : ce grand spécialiste des produits dérivés a eu le tort de parier sur la brièveté de la crise financière, manquant ainsi sérieusement de discernement …

A la Bourse comme sur les marchés très techniques, certains professionnels finissent par se comporter comme des joueurs de casino : ivres de leurs gains passés, ils persistent à miser même en étant seuls contre la banque. Chacun sait que le casino gagne à la fin de la partie …

Suites logiques de « l’opération vérité » du Crédit Agricole :

  • Recentrage sur les métiers que le Crédit Agricole maîtrise (banque de détails ; gestion d’actifs ; services financiers) ;
  • Comptes d’exploitation passés à la paille de fer ;
  • Cession d’actifs en perspective.

Il n’est jamais trop tard pour bien faire. D’autres banques suivront cet exemple. 

 
Alexandre Anizy