La débandade idéologique de Bertrand DELANOË
Alors voilà le scoop : Bertrand DELANOË est libéral ET socialiste.
Mazette ! Combien de conseillers en communication pour accoucher d’une pareille ineptie ?
« Mais je vous le dis tout net : je ne réfute pas mécaniquement ce vocable, « libéral ». Et quand il s’applique à une doctrine politique, au sens global, je crois même qu’un militant socialiste devrait le revendiquer. En revanche, ce qui est inacceptable pour un progressiste, c’est de hisser le « libéralisme » au rang de fondement économique et même sociétal, avec ses corollaires : désengagement de l’Etat et laisser-faire économique et commercial. » Bertrand DELANOË (extrait de « son livre » intitulé «de l’audace », édition Robert Laffont, 290 pages, 20 €)
Le problème, Monsieur DELANOË, c’est que le libéralisme est une doctrine (vous l’écrivez : « Qu’est-ce que le libéralisme ? C’est une doctrine d’affranchissement de l’homme (…) ») : elle est donc constituée d’éléments formant un ensemble cohérent.
Par conséquent, s’affirmer libéral tout en refusant les principes économiques de cette doctrine vous place d’emblée dans une mouvance hétérodoxe, voire hérétique.
A titre de comparaison, peut-on vanter le catholicisme en le purgeant de l’Immaculée Conception ? La démarche serait pour le moins particulière.
Voyons les références théoriques du « nouveau DELANOË » :
« Au nom de cet héritage intellectuel-là, celui de MONTESQUIEU, de John LOCKE, (…) je suis libéral. »
Intéressant. John LOCKE est l’auteur des « Lettres sur la tolérance », des « Considérations sur les conséquences de la diminution de l’intérêt et de l’augmentation de la valeur de l’argent », du fameux « Essai sur l’entendement humain ». John LOCKE voulait être utile à l’existence sociale des hommes : l’économie n’était pas absente de ses pensées, comme on le voit dans sa bibliographie.
Si DELANOË se réfère à John LOCKE, il lui appartient d’en saisir toute la portée, sous peine de médiocrité.
Mais en fait, Bertrand DELANOË se lance dans le champ de bataille politique de 2012 en maquillant son « vide idéologique » d’une toilette libérale taillée à sa convenance : le tout manque forcément de rigueur intellectuelle. La posture libérale du bonhomme craquera sous le feu nourri de ses concurrents (ils ne sont pas adversaires, puisqu’ils pensent la même chose en dernière analyse), qui auront l’avantage de la cohérence idéologique et de la sincérité.
Concernant le PS, Bertrand DELANOË plaide pour un « parti de managers ». Là encore, il se trompe : gouverner un pays, ce n’est pas comme gérer une boutique.
C’est parce qu’il n’a aucune vision idéologique personnelle, aucune ambition sociale nouvelle, que Bertrand DELANOË a trouvé ou accepté le titre de son livre « De l’audace ».
La différenciation par les mots, mais le maintien des maux.
Ses conseillers auraient pu lui expliquer que faire allusion à la formule célèbre du révolutionnaire DANTON guillotiné pour cause de trahison pouvait difficilement passer pour un acte progressiste.
Alexandre Anizy