Bilan de la globalisation selon Patrick ARTUS
Patrick ARTUS, dont nous avons déjà donné un large écho de son livre excellent « les incendiaires : les banques centrales dépassées par la globalisation » (Perrin, août 2007, 14,80 €) dans nos 8 notes économiques (du 21 novembre 2007 au 8 janvier 2008), dresse maintenant avec Marie-Paule VIRARD un bilan de la globalisation dans un nouveau livre intitulé « Globalisation, le pire est à venir » (la Découverte, 12,50 €).
Tout d’abord, l’économiste relève que la globalisation est positive, parce que les échanges stimulent la croissance. Jusqu’en 2000, on peut estimer que le solde est favorable. Mais sur le long terme, la globalisation a engendré des tendances insoutenables comme : explosion des inégalités (notamment à cause des transferts d’activité), désordres monétaires, envolée des prix des matières premières. L’accroissement de la richesse a permis un retour de l’inflation et un boom des matières premières.
90 % de la création monétaire se fait en dehors des pays du G7 (le cynisme de la politique monétaire actuelle de la BCE et de l’euro imperator TRICHET nous laisse songeur). La liquidité dans le monde a augmenté de 18 % sur un an, ce qui alimentait la bulle immobilière hier, celle des matières premières aujourd’hui, celle des terres agricoles (et de l’eau ?) demain.
« Parce que l’argent circule partout sur terre, le monde a besoin d’une banque centrale mondiale chargée de gérer la quantité de monnaie de l’ensemble de la planète. » En soi, cette proposition est très pertinente, mais elle fait fi de la dimension politique présente dans toute question monétaire. Par conséquent, elle restera une chimère technocratique.
Ce qui est plus réaliste pour les 10 ans à venir (le pire selon Patrick ARTUS : un signe fort de son adhésion à la théorie dominante), c’est le retour en force du protectionnisme (voir notre note du 1 octobre 2007 « bientôt le protectionnisme » : à lire ou relire aujourd’hui).
Quant « aux réactions populistes de plus en plus exacerbées » [c’est nous qui soulignons, car l’emploi du mot « populiste » à la place de « populaire » marque un jugement de classe], nous posons la question : est-il raisonnable de déqualifier les actions de résistance ou de survie des hordes affamées du tiers-monde, des salariés précaires des pays développés, etc. ?
Alexandre Anizy