L'hyper libéralisme selon Pierre LARROUTUROU

Publié le par Alexandre Anizy

Dans son « livre noir du libéralisme » paru en octobre 2007 (éditions du Rocher, 18 €), Pierre LARROUTUROU parle de l’effondrement du système capitaliste : « Aucune des tendances actuelles n’est durable. C’est vrai de la crise sociale, de la crise financière, et, bien sûr, de la crise écologique. Nous sommes au bout d’un système. Il est urgent de construire une alternative globale. » (Libération du 1er décembre 2007)

La précarisation est un des symptômes de cette asphyxie. Donnons quelques exemples :

  • Au Japon, 32 % des emplois sont précaires ;
  • En Allemagne, 6,3 millions de salariés n’ont que des emplois à 400 € (15 heures par semaine) ;
  • Aux Etats-Unis, en écartant les chômeurs, la durée moyenne du travail est de 33,7 heures.

L’endettement est un autre des symptômes : l’endettement des ménages tout particulièrement. Aux Etats-Unis, la dette totale (ménages + entreprises + collectivités, sans le secteur financier) représente 230 % du PIB américain. Rappelons que ce ratio n’était que de 140 % en 1929. Si on ajoute la dette du secteur financier, la dette s’élève alors à 340 % du PIB américain.

« Les chiffres sont formels : la croissance européenne, ou américaine, serait négative depuis 7 ans si nous n’avions pas fortement augmenté la dette privée. » (Pierre LARROUTUROU, idem)

Tous les pays que les libéraux citent comme modèle (Japon, Etats-Unis, Nouvelle-Zélande, Espagne, Angleterre) maintiennent leurs croissances grâce à l’endettement privé. « En 2006, la dette des Etats-Unis hors secteur financier a augmenté 8 fois plus vite que le PIB. » (Pierre LARROUTUROU, ibidem)

Dans tous les pays occidentaux, nous dit le dernier rapport du FMI, la part de la richesse qui va aux salaires a fortement  baissé : 10 % en Europe et au Japon. En France, la baisse est de 11 %, ce qui veut dire concrètement que, sur un PIB de 1.800 Milliards d’euros, 200 Milliards iront rémunérer le capital, alors qu’ils auraient été remis aux salariés si on était dans le cas de répartition de 1982 …

 
Concernant la France, jusqu’à ce jour, les importations hors Europe n’expliquent pas le chômage et la crise sociale, puisque la balance commerciale est équilibrée. « Plutôt que la mondialisation, ce sont les gains de productivité qui ont détruit des emplois. (…) en 30 ans, l’économie française produit 76 % de plus avec 10 % de travail en moins (…) mais le nombre de personnes disponibles a augmenté de 23 %. »  (Pierre LARROUTUROU, ibid.)
Or toute la politique économique actuelle vise à augmenter le temps de travail des salariés en poste, par tous les moyens possibles. En conséquence, les choses ne s’arrangeront vraiment pas de sitôt (il est inutile de rappeler ici les bidouillages statistiques, etc.).

Pour Pierre LARROUTUROU, « l’hyper libéralisme peut nous conduire à la catastrophe ».

 
Remarquons ici que malgré ces chiffres, on trouve des économistes comme Jean PISANI-FERRY (directeur du centre Bruegel) pour décréter que « c’est désormais d’un relèvement des gains de productivité qu’il faut attendre une reprise de la progression du pouvoir d’achat ».
Il est vrai que dans toutes ces officines le facteur idéologique prend toujours l’ascendant sur la rigueur et l’objectivité.

 
Alexandre Anizy