Freddie Mac et Fannie Mae s'écroulent, Indymac en faillite
Fannie Mae et Freddie Mac sont les deux plus grandes institutions américaines de financement de crédit immobilier : elles détiennent ou garantissent environ 5.300 Milliards de dollars (sur un total de 12.000 environ) de crédits immobiliers consentis par les banques aux particuliers. En bref, elles sont la clé de voûte du crédit immobilier américain depuis 1970.
La semaine dernière, les cours des actions de Fannie Mae et Freddie Mac ont plongé de plus 60 %, entraînant dans leurs chutes Wall Street et les autres grandes places mondiales. Pourquoi cet effondrement ? Les défauts de paiement des particuliers ayant explosé à leur plus haut niveau depuis 29 ans (en Californie, on saisit la maison de 1 ménage sur 192 contre 1 sur 501 pour le reste des Etats-Unis), les fonds propres des 2 sociétés sont désormais insuffisants pour couvrir les risques : pour respecter les normes comptables relatives à la solvabilité, elles devraient lever 77 Milliards de dollars …
Or ceux qui ont participé aux dernières augmentations de capital, comme ceux qui ont souscrit aux émissions d’actions à taux préférentiel en Europe, ont fait de mauvaises affaires. C’est sans doute pourquoi la banque californienne Indymac n’est pas parvenue à lever des fonds … et qu’on a annoncé sa faillite tard vendredi soir, ainsi que sa mise sous tutelle : c’est la 7ème banque en faillite en un an, mais de loin la plus importante avec ses 32 Milliards de dollars d’actifs. Il faut savoir qu’aux Etats-Unis, la liste des établissements en difficulté à l’agence fédérale de garantie des dépôts (FDIC) est passée de 76 à 90 entre janvier et juin 2008. Le cours de la 4ème banque américaine Wachovia a chuté de 60 % en un an.
Dans ces conditions, il sera difficile à ces deux institutions moribondes de lever des fonds.
La semaine dernière, les autorités américaines ne sont pas intervenues directement pour Fannie Mae et Freddie Mac : il est vrai que la totalité des risques de leurs bilans équivaut à la dette publique ! Il est donc urgent d’attendre, en épuisant toutes les autres solutions techniquement faisables.
Mais la nationalisation, comme le Royaume-Uni s’y est résolu pour la Northern Rock, mettra fin à l’histoire de Fannie Mae et Freddie Mac.
Quand les financiers perdent, ce sont presque toujours les contribuables qui paient l’ardoise.
Alexandre Anizy