"Les années" d'Annie ERNAUX
En janvier 2008, Annie ERNAUX revenait sur les tables des libraires avec « les années » (Gallimard, 242 pages, 17 €). Bien que nous ayons lu un ou deux articles réservés, nous décidâmes de feuilleter l’album tamisé d’un passé récent, parce que cet écrivain n’était pas une inconnue, parce qu’il nous avait intéressés autrefois avec « une place » et « passion simple » (en poche Folio).
« La distance qui sépare le passé du présent se mesure peut-être à la lumière répandue sur le sol entre les ombres, glissant sur les visages, dessinant les plis d’une robe, à la clarté crépusculaire, quelle que soit l’heure de la pose, d’une photo en noir et blanc. » (p.65)
Sous une ligne mélodique fluide, nous retrouvons la précision qui parfois confine à la sécheresse. C’est du moins le souvenir que nous gardons des anciens textes d’Annie ERNAUX. Malheureusement, ce livre n’apparaît que comme la collation furtive d’instantanés fugaces qui, parce qu’elle émane de cet auteur, ne peut être ni anodine ni ennuyeuse.
Qu’on ne se méprenne pas : un seul texte d’Annie ERNAUX vaut plus que toutes les foutaises narcissiques d’une Christine ANGOT, par exemple.
Mais pour cet auteur talentueux, « les années » ne seraient-elles pas de trop, comme on le dit d’un combat pour un boxeur ?
Alexandre Anizy