Richard MILLET vend des mauvaises graines
Richard MILLET est un membre influent du Comité de lecture de Gallimard, qui le publie : d’aucuns ont l’élégance de ne pas s’autoéditer, mais c’est une valeur désuète dans le milieu germanopratin. Bien entendu, c’est ce genre d’individu qui sans vergogne donne des leçons de littérature : s’étant érigé en censeur de la mauvaise, il n’a pas encore compris que ce n’est pas forcément avec des mauvais sentiments qu’on produit de la bonne.
Toujours est-il que nous décidâmes de lire la prose de ce monsieur : pourquoi pas « dévorations » (Gallimard 2006, 220 pages, 16,50 €) ?
« Il avait écrit une trentaine de livres et il refusait d’en entendre parler, non plus que de l’étrange passion qu’avait été l’écriture, pendant si longtemps, peut-être depuis toujours, et qui l’avait conduit jusque chez nous, ayant laissé derrière lui des terres incendiées et continuant à brûler tout ce qui se rapportait à son passé, comme ce mercredi de novembre où je l’avais trouvé non pas dans la salle de classe ni dans sa cuisine mais dans le petit pré de derrière, en train de mettre le feu à des papiers, des lettres, des cartes postales, des coupures de presse, tout ce qui avait trait à ce qu’il appelait, avec l’air de cracher dans l’eau, sa « vie littéraire ». » (p.111)
Autant le dire simplement : Richard MILLET est un grammairien qui rédige des fiches indigestes ; avec lui, la littérature vous reste sur l’estomac. En tant que flic de la syntaxe, ce corrézien a sans doute des compétences, mais en tant que romancier, nous l’encourageons à persévérer.
Alexandre Anizy