Géorgie (III) : les divagations d'Alexandre ADLER
Nous avons connu Alexandre ADLER lorsqu’il enseignait à Paris VIII l’histoire de l’URSS et de l’Europe Centrale (nous simplifions). Parce que nous fûmes un de ses étudiants, nous connaissons l’étendue de son savoir et les compétences de l’historien.
Alors quel plaisir de découvrir, samedi 16 août dans le Figaro, un article du maître dont le titre, « le conflit du Caucase s’explique d’abord par l’histoire commune des peuples russes et géorgien », nous suggérait qu’Alexandre ADLER avait abandonné sa casquette de thuriféraire du pouvoir (France et USA) pour reprendre son béret d’historien !
Nous pensions nous régaler … mais l’article n’est pas passé.
Bien sûr, tout ce qui fait la force de l’intellectuel ADLER apparaît, notamment lorsqu’il évoque le rôle de STALINE et de ses Géorgiens (ORDJONIKIDZE, ENUKIDZE, BERIA), mais aussi lorsqu’il cite PASTERNAK ou GRIBOÏEDOV.
Nous retrouvons l’intelligence du professeur lorsqu’il fait le constat suivant : « (…) la République américaine n’a cessé de pratiquer un encerclement délirant de la Russie post-soviétique. » (Lire notre note « Géorgie (II) pourquoi cette guerre ? » du 17 août)
Mais quelle stupéfaction de lire sous la plume d’un esprit autrefois éclairé que, si la ville de Gori (ville natale de STALINE) vient d’être bombardée intensément, c’est peut-être aussi parce que, « comme je le pense, le père de POUTINE a eu maille à partir avec le terrible tsar rouge géorgien. », que le président géorgien SAAKACHVILI est un agent d’influence des « esprits tordus de Langley où siège l’inepte CIA, ou les cerveaux chocs du Pentagone » … Des documents, des arguments pour étayer ses propos ? Que nenni !
Il semble que la parole d’Alexandre ADLER se suffit à elle-même.
Les pensées s’accumulant, Alexandre ADLER en arrive à formuler une thèse que nous résumons ainsi : c’est le vilain SAAKACHVILI (qu’ADLER surnomme « Frankenstein Saakachvili ») qui « a voulu entraîner ses patrons américains dans l’extrême logique absurde qui présidait à l’exaltation du nationalisme étroit de la Géorgie. ».
D’ailleurs, nous dit ADLER, « Condoleezza RICE a fait savoir qu’elle avait tenté de modérer Saakachvili il y a trois semaines. »
« C’est évidemment vrai, la connaissant et connaissant son adjoint, l’ambassadeur Daniel FRIED (…) » écrit ADLER.
Quand l’historien ADLER croit sur parole 2 diplomates américains, on se dit qu’il a dû changer de métier sans nous prévenir.
Alexandre Anizy