A propos de Charles-Ferdinand RAMUZ
Notre note « la question de la Wallonie » (du 15 août 2008) nous avait amenés à la fameuse « lettre à Bernard GRASSET », dans laquelle Charles-Ferdinand RAMUZ explique en termes simples que les Vaudois, s’ils parlent le français, ne sont pas Français pour autant, et dans laquelle surtout il défend son usage du français, puisque d’aucuns l’avaient accusé en 1926 de « mal écrire exprès ».
Dans « Salutation paysanne » comme dans « Jean-Luc persécuté » (aux éditions Grasset, 1929 et 1930), on perçoit la différence de RAMUZ, en ce qui concerne le style («L’homme qui s’exprime vraiment ne traduit pas. Il laisse le mouvement se faire en lui jusqu’à son terme, laissant ce même mouvement grouper les mots à sa façon. » Lettre à Bernard Grasset).
« Ce jour-là (on était vers la fin de mai), il se trouvait, comme toujours, assis avec Nanche à l’auberge, il était quatre heures de l’après-midi, il faisait un joli temps doux. » (« Jean-Luc persécuté », p.139)
Est-ce à dire que l’histoire d’un paysan cocu, qui devient fou et qui se termine par un plongeon suicidaire dans une gorge après un meurtre, nous intéressât ? Non.
Dans « les signes parmi nous » (Grasset, 1931), le personnage central est le colporteur d’un petit ouvrage, Prédictions, dans une campagne retirée : une nouvelle histoire paysanne.
« Le soleil lui fait mal d’abord, avec ce ciel fraîchement rétamé, la route qui était comme une page non écrite.
Il se sentait pourtant tout encouragé (de quoi on a besoin quand même), à cause des quatre brochures vendues, et se mit à marcher plus vite, malgré la chaleur qu’il faisait. » (p.25)
Si la langue singulière de RAMUZ nous intéresse, nous ne pouvons pas en dire autant de sa peinture rupestre.
Alexandre Anizy