Les dernières heures du libéralisme selon Christian CHAVAGNEUX (I)

Publié le par Alexandre Anizy

En février 2007, Christian CHAVAGNEUX était rédacteur en chef adjoint du mensuel Alternatives économiques, de la revue l’économie politique, mais aussi chercheur. Il publiait ce mois-là « les dernières heures du libéralisme » (éditions Perrin, 179 pages, 13,50 €), que nous allons présenter en quelques notes.

 

Dans une 1ère partie intitulée « une mondialisation de moins en moins libérale », Christian CHAVAGNEUX montre tout d’abord que la machine s’est grippée. Au sein de l’OMC, le cycle de Doha, qui vise à libéraliser encore plus les échanges, était bloqué en 2007, et il vient de connaître un nouvel échec retentissant durant l’été 2008. Pour vendre le processus en 2001, les organismes internationaux comme la Banque Mondiale chiffraient un gain possible du revenu mondial de 832 Milliards de dollars en 2015, mais le gain potentiel n’était plus que de 96 Milliards en 2005, soit 8,6 fois moins dans le cas du scénario de libéralisation totale des échanges, ou 5,4 fois moins dans le cas d’un scénario limité au périmètre de Doha.

La production de chiffres aussi fantaisistes est-elle digne d’experts bien payés pour lutter contre la pauvreté ?

 

Pire que ça : les économistes tenants de la théorie dominante qui professent que tout le monde est gagnant à l’ouverture des frontières se mettent à douter sérieusement, comme le célèbre Paul SAMUELSON qui publia en 2004 un article théorique sur le sujet, dans lequel il élabore un 3ème scénario où le pays émergent devient aussi très efficace dans la production des biens qu’il achetait au pays riche, et dans ce cas-là il n’y a plus de gains réciproques à l’échange.

Ce 3ème scénario est-il réaliste ? Evidemment oui, répond SAMUELSON qui prend pour exemple « l’hégémonie de l’industrie victorienne (…) mise en cause par l’irruption des entrepreneurs yankee après 1850 ». Aujourd’hui, chacun comprend bien que la Chine ou l’Inde sont quasiment arrivés  au niveau technique des pays riches dans les secteurs de pointe, quand on sait que la Chine va assembler des Airbus et qu’elle envoie elle-même des satellites, de même que l’Inde s’est lancé dans la Recherche et Développement en informatique, dans la création de produits financiers complexes et même les services juridiques …

 

En réalité, comme le dit Jean ARTHUIS (lire notre note du 15 septembre 2008), « plus aucune activité productive n’est protégée ».

En 2010, la Chine sortira plus de docteurs en sciences que les Etats-Unis. Fort de ce constat, Roger GUESNERIE, professeur d’économie au Collège de France, propose de dépasser le paradigme de l’échange entre nations mutuellement avantageux pour viser un « mieux de commerce », c'est-à-dire une recherche de concessions mutuellement avantageuses.

A suivre …

Alexandre Anizy