De la crise au Far Wall
Aujourd’hui, quelques nouvelles du front financier.
Pour Lehman Brothers, nous ne fûmes point surpris, puisque nous avions annoncé la future débâcle dans notre note économique du 9 septembre (pour « l’aléa moral » de cette liquidation, lire la dernière phrase de notre note du 15 juillet).
Pour Fannie Mae et Freddie Mac, nous n’avons pas non plus été surpris par l’action des autorités pour les sauver (voir notre note du 15 juillet). Mais nous ignorions des détails. Sur les titres de ces 2 sociétés, des acteurs financiers avaient pris des « positions courtes ». Le Trésor américain a attendu qu’ils empochent leurs gains avant d’intervenir, puisqu’il le fallait : au lieu d’une opération printanière à 100 milliards de dollars, les contribuables vont débourser 400 à 500 milliards. La différence est passée chez Goldman Sachs et les fonds spéculatifs.
Officiellement, AIG (l’assureur qui vient d’être nationalisé au pays de la libre entreprise) aurait perdu 30 milliards de dollars en un an, mais curieusement il reçoit sur injonction du Trésor 95 milliards.
Que pense immédiatement la faune financière ? Les pertes réelles sont plus importantes, donc de mauvaises nouvelles vont suivre.
A Wall Street, plus personne ne croit à la fiabilité des annonces concernant les dépréciations d’actifs, notamment parce que la valeur des portefeuilles des banques d’affaires est virtuelle sur une partie, du fait de l’impossibilité de donner un prix de référence pour chaque item.
Cependant, malgré les interventions des autorités américaines, il est absurde de parler d’un retour de l’Etat aux Etats-Unis.
Comme le dit Jacques GéNéREUX : « Les Etats-Unis sont depuis longtemps schizophrènes : très libéraux en microéconomie (entreprises, marchés) et très keynésiens en macroéconomie (politique économique). » Le poids de l’Etat n’a pas cessé d’augmenter, mais « ce n’est plus un Etat-providence qui redistribue, c’est un Etat privatisé, au service des marchés, des profits ».
Alexandre Anizy