Les dernières heures du libéralisme selon Christian CHAVAGNEUX (IV)

Publié le par Alexandre Anizy

(Suite aux notes économiques du 17, 18, 22 septembre 2008)

 

Retour à l’autonomie des politiques monétaires nationales

 

Dans un monde libéral où la finance est libre, les banques centrales n’ont pas à s’occuper des taux de change (remarquez que c’est le discours officiel de la BCE entériné par le Traité de Maastricht) puisqu’ils fluctuent … et finissent toujours au niveau optimal assurant l’harmonie économique.

 

Mais dans le monde réel, le poids de l’économie dominante est déterminant et sa politique monétaire influence celles des autres pays.

En 2002, Alan GREENSPAN (le patron de la Fed) a confirmé la position théorique des Etats-Unis : une Banque Centrale ne doit pas intervenir sur le marché des changes.

En 2006, un type a formalisé une autre politique monétaire : il s’appelait William WHITE, chef du département économique et monétaire de la Banque des Règlements Internationaux (BRI), i.e. le club des banquiers centraux. Que dit ce monsieur ? La non-intervention et le laxisme conduisent à des crises répétées, à des bulles spéculatives qui explosent tôt ou tard ; il faut intervenir dès que la croissance du crédit s’emballe et finance soit une augmentation du prix des actifs soit une consommation excessive …

Pour résumer le propos, disons qu’un financier libéral adepte d’une saine gestion doit appliquer une gestion préventive dont la politique monétaire est systématiquement néfaste pour la croissance et l’emploi.

(Sur ces questions monétaires, lire nos notes économiques « les archaïques des banques centrales I à VIII »)

 

 

Epargne mondiale répartie harmonieusement, ce qui favoriserait la croissance et le développement du Sud 

 

La libre circulation des capitaux allait permettre d’optimiser l’allocation des fonds pour le plus grand bénéfice de la population mondiale. Une « main invisible » répartirait l’épargne disponible au mieux des intérêts de la croissance.

 

Dans le monde réel, les choses se sont passées autrement.

 

Les Etats-Unis accaparent les 2/3 de l’épargne internationale pour pallier leur manque interne. D’où vient l’argent ? Des pays émergents qui ont des taux d’épargne domestique très élevés, de l’ordre de 25 – 30 %, contre environ 15 % aux Etats-Unis et 20 % en Europe.

Mais que font-ils de leur épargne colossale, les pays émergents ? Ils remboursent leurs crédits notamment ceux provenant de l’aide au développement et ils accumulent des réserves (au total, 3.000 Milliards de dollars) qu’ils placent dans les pays riches …

En définitive, les pays pauvres contribuent au financement des pays riches.

 

Alexandre Anizy