Les dernières heures du libéralisme selon Christian CHAVAGNEUX (VI)
(Suite aux notes économiques du 17, 18, 22, 23 et 24 septembre 2008)
Il s’avère que l’offensive libérale contre la régulation des Etats date de 1957 : elle est entreprise par les banquiers privés de Londres avec l’aide de la Banque d’Angleterre (bien que nationalisée depuis 1946). Pour la City, il s’agissait de reprendre la main en devenant le centre des eurodollars.
Définissons les eurodollars comme « un jeu d’écriture comptable qui permet à une banque installée en dehors des Etats-Unis d’effectuer des opérations en dollars sans que celles-ci soient considérées avoir eu lieu sur le territoire de la banque. Elles se produisent dans un espace fictif, l’offshore, dont la particularité est de n’être sous le contrôle d’aucune autorité publique. » (p.118)
L’historien britannique Gary BURN a démontré comment la Banque d’Angleterre s’est impliquée dans l’éclosion et le développement de ce marché, qui était en dehors du contrôle étatique de Bretton Woods.
Le deuxième pavé contre l’édifice étatique, c’est l’instauration des taux de change flottants sous NIXON (début des années 70).
Le troisième pavé, au début des années 80, c’est « la fin des politiques nationales d’interventions directes sur la quantité et le prix (taux d’intérêt) des crédits » et « l’ouverture internationale du financement des dettes publiques » (p.119)
Vous savez bien sûr que la France n’a pas échappé à cette déferlante libérale. Pour ceux qui en douteraient, la lecture de l’étude parue en 2006 sous la direction de Pepper D. CULPEPPER, Peter A. HALL et Bruno PALIER s’impose. Pour la France et en matière économique, les conclusions sont : « (…) la France a opté en faveur du libéralisme triomphant. Privatisations, déréglementation financière, poids des investisseurs étrangers, individualisation des salaires sur lesquels l’Etat n’exerce plus d’influence, flexibilité de l’emploi, etc., tout y est, jusqu’aux énarques qui ne rêvent que de pantoufler dans le privé ! »
Pantoufler : possibilité juridique pour un (haut) fonctionnaire d’aller s’enrichir dans une société privée … sans forcément perdre définitivement son statut de fonctionnaire.
L’insécurité de l’emploi n’est bonne que pour les autres, i.e. la populace.
« (…) sur la période 1996 – 2005, l’Hexagone est le premier exportateur net d’investisseurs étrangers, les capitaux investis en dehors des frontières dépassent de 380 Milliards de dollars ceux reçus de l’extérieur. » (p.123)
Alexandre Anizy