Le "oui à la Turquie" de Michel ROCARD l'idiot utile (I)
Michel ROCARD est arrivé à un âge où, après avoir exercé les plus hautes fonctions politiques dans l’Etat français, il peut dire et écrire sans arrière pensée son analyse politique d’une situation puisqu’il n’ambitionne plus rien. Ainsi, compte tenu de son origine sociale (Yves Rocard est un des pères de la bombe nucléaire française), de sa formation d’énarque et du statut qu’elle procure, indépendamment des talents et des compétences réelles, nous considérons que Michel ROCARD exprime bien l’opinion de l’oligarchie, notamment sur la question de l’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne.
C’est ce qu’il révèle, en collaboration avec Ariane BONZON, dans un essai titré « Oui à la Turquie » (Hachette Littératures, septembre 2008, 155 pages, 13,50 €).
Dans l’introduction, la problématique de l’ouvrage est bien exposée : « Oui à la Turquie : (…) l’avenir de l’Europe passe par la Turquie. » ; « L’adhésion de la Turquie, c’est une assurance vie pour l’Europe. ». Bigre ! L’enjeu est colossal.
Nous avons même un commencement de réponse : « Enfin, c’est peut-être aussi, et surtout [c’est nous qui surlignons, ndAA], l’économie (…) qui devrait emporter notre conviction. » (p.12) D’ailleurs, Michel ROCARD regrette qu’on n’entende pas assez « les grands patrons (…) parce que, eux [c’est nous qui surlignons, ndAA], abordent les questions de géopolitique », plus que les hommes politiques.
Nous qui pensions que les grands patrons s’occupaient d’abord de leurs affaires, qu’ils étaient obnubilés par la création de valeurs pour leurs actionnaires, nous tomberions des nues si nous ne prenions pas cette remarque pour ce qu’elle est : l’expression d’une aigreur d’un ex-présidentiable dont la classe politique a su couper les ailes.
D’ordinaire, Michel ROCARD est plutôt churchillien, du genre « je vous promets du sang et des larmes ». Mûri par l’expérience, il termine maintenant l’introduction par un rêve : de la Turquie dans l’Union Européenne « peut naître un projet de civilisation commun ».
Projet de civilisation : voilà un élément de langage déjà entendu …
Les premiers chapitres rappellent la longue marche turque vers l’Europe, dont nous vous ferons grâce, avec l’idée de nous inculquer une vieille image occidentale de la Turquie : ainsi, c’est Mustapha KEMAL qui instaura l’alphabet latin, le calendrier grégorien, le droit de vote pour les femmes en 1934 (pour les Françaises, c’est DE GAULLE qui le fit en 1945) ; ainsi, « Le code civil turc est la copie conforme du code civil suisse, la doctrine militaire allemande fut l’objet de captations attentives, le code pénal inspiré du code pénal italien. » (p.23)
(À suivre …)
Alexandre ANIZY