"Capitalisme et pulsion de mort" de Gilles DOSTALER et Bernard MARIS (VI)
Lire auparavant les notes I à V portant le même titre.
Gilles DOSTALER et Bernard MARIS en arrive à la question de l’argent qui, chez FREUD, « est une réalité associé au pouvoir, à la sexualité et à la mort ». (p.55)
Le premier cadeau qu’un enfant offre étant l’excrément, « l’intérêt pour l’excrément est donc pour une part perpétué en tant qu’intérêt pour l’argent ». (Freud, cité p.57) On retrouve le caractère fécal de l’argent dans les contes populaires (« la poule aux œufs d’or », « l’âne qui fait des ducats »). Pour Freud, la forme originaire de la propriété est anale.
Les 2 économistes mettent bien en correspondance les 4 moments de la vie nutritive avec 4 temps forts de la vie économique :
Ingestion, digestion, rétention, expulsion ;
Acquisition, investissement, épargne/thésaurisation, vente.
Ouvrons ici une parenthèse.
Lorsque l’argent entre scène dans le livre de DOSTALER et MARIS, à travers Freud, nous restons sur notre faim : la lecture psychanalytique méritait un approfondissement.
Nous pensons en particulier au travail théorique de Jean-Marc LEPERS présenté dans son livre « la jouissance symbolique » (Anthropos, collection M8, 3ème trimestre 1977, 235 pages) Citons quelques passages :
« L’Argent est le Dieu amoral de la bourgeoisie et de tout le système bourgeois. Il fonde une autre morale fondée sur le Travail et l’Accumulation, sur la possession de l’Argent. » (p.36)
« L’Argent est plus que fétiche, il est le support ultime de toutes les valeurs, jouant le rôle de Dieu dans la société monarchique. » (p.37)
« L’erreur capitale et fondamentale de MARX est bien d’avoir voulu faire de l’argent lui-même une marchandise, alors que ce sont les choses qui deviennent marchandises précisément parce qu’elles sont constamment mises en rapport avec l’argent (…). Plus rien n’échappe à l’argent, tout est susceptible de devenir marchandise, d’être rapporté au système capitaliste qui seul exprime la « valeur » des choses ou même des individus. Toutes les choses ne valent que par leur rapport à l’argent, toutes leurs autres qualités devenant accessoires. (…). C’est le rapport général à l’argent qui fonde tous les éléments de la société capitaliste comme marchandises, tout comme le rapport général au Roi et à Dieu fondait tous les éléments des sociétés féodales comme parties du Corps du Roi ou du Corps du Christ. » (p.45)
Pour ceux qui s’intéressent à cette question, nous conseillons vivement « la jouissance symbolique » de Jean-Marc LEPERS.
Fermons la parenthèse.
(A suivre)
Alexandre ANIZY