Margaret MAZZANTINI et son "Antenora"
Margaret MAZZANTINI a reçu en 2002 le Prix Strega (l’équivalent du Goncourt) pour « Ecoute-moi » : elle a donc pignon sur rue dans le monde italien des lettres. Concernant le style, elle en possède incontestablement. En voici 2 exemples :
« Deux fois par an, grand-mère organisait un thé. J’allais chez elle quelques heures avant pour l’aider. Je dépoussiérais les tasses du joli service et j’astiquais les petites cuillères en argent qui avaient noirci dans le velours de la boîte. Puis, ensemble, nous étendions la nappe de lin brodée au point de croix et, au dernier moment seulement, elle distribuait dans les assiettes en porcelaine ornées d’un filet d’or le contenu d’une boîte de petits fours. Les vieilles défraîchies arrivaient en procession, tâtonnant de l’ascenseur à la porte. Avant même qu’elles ne sonnent, un tintement de bijoux les annonçait telle l’arrivée d’une colonie de lépreux. » (p.19) ;
« Elle continuait pourtant à tirer bénéfice de son sexe grâce au rôle matriarcal dont elle faisait un usage éhonté. En visite chez ses fils, elle glissait ses grosses mains dans toute intimité : dans les tiroirs, dans les paniers remplis de linge à repasser, et même dans les regards que maris et femmes s’échangeaient, au comble de la tension, du fait de cette présence importune. Ils la plaçaient en tête de table et elle se goinfrait. » (p.127)
Extraites de « Antenora » (éditions Robert Laffont, avril 2007, traduction de Vincent RAYNAUD, 171 pages, 18 €), son premier roman publié en 1994, ces miettes choisies révèlent une intéressante qualité d’écriture.
C’est bien la seule chose qu’on y trouve.
Alexandre ANIZY