Bonus : les aides publiques dans les poches des banquiers ?

Publié le par Alexandre Anizy

Alors que le gouvernement a endormi les Français vacanciers durant tout l’été grâce à un soupçon de commencement de début de reprise, les gens bien informés comme René Ricol, le médiateur du crédit, observait simultanément que les conditions de prêt se sont détériorées, notamment pour les « petits dossiers », i.e. les demandes de prêt inférieur à 5.000 euros : combien d’artisans et commerçants finiront-ils sur le carreau dans les prochains mois ? Mais les « gros dossiers » essuient aussi de plus en plus de refus. La tendance baissière des courbes de l’évolution des prêts aux entreprises, à la consommation, à l’immobilier, se poursuit inexorablement.

Traduisons : les banques se refont une santé au détriment de l’activité économique.

 

Allons plus loin avec Charles-Henri Filippi, un homme du sérail (ancien président de HSBC France) : « Au second semestre 2008, pour gagner de l’argent, les rares établissements les plus habiles ont joué les marchés à la baisse. Cela a contribué à approfondir la crise. Ensuite, au premier semestre 2009, les banques ont eu un comportement très classique correspondant à la base du métier (…) ». Traduisons : obtenir des capitaux à des taux d’intérêt très bas et les placer à des taux élevés, relativement très élevés ; notons ici qu’il n’est pas utile de sortir de Polytechnique ou de la formation réputée de mathématiques financières pour réussir ce prodige !

Pour éviter le krach et une répétition de 1929 (1), on a injecté massivement des liquidités, baissé les taux des banques centrales, sauvé de la faillite de grands établissements bancaires … « (…) mais les aides des pouvoirs publics ont été attribuées sans distinction entre les activités de financement ordinaires et les activités de marché, les plus lucratives à court terme … que les établissements financiers ont immédiatement relancées. Ce sont donc les activités purement financières qui ont le plus profité, in fine, de la politique de soutien public. » (Charles-Henri Filippi, idem)

Autrement dit, sans les aides publiques, les banques n’afficheraient pas les profits de 2009 qui, en dernière analyse, finiront dans les poches des banquiers, notamment des traders.

 

 

Alexandre Anizy

 


(1)            : dont Bern Bernanke (Président de la Fed – banque centrale américaine) est un spécialiste ; cependant, avant l’été 2007, il était déjà « partie responsable » du temps de la splendeur d’Alan Greenspan, de même que le Secrétaire au Trésor Timothy Geithner ; si on ajoute à ces « cadors obamiens » Lawrence Summers, l’actuel Conseiller économique du Président, celui qui a facilité la propagation de l’économie de casinos en jouant un rôle clef dans l'abrogation de la Glass Steagall Act (sa nomination au poste de secrétaire au Trésor par le président Bill Clinton a permis l'adoption de la Financial Services Modernization Act en novembre 1999 ; puis il est devenu président de l'université de Harvard -2001-2006-), on n’est pas surpris de voir que « les affaires ont repris comme avant » aux Etats-Unis, et ailleurs …

Ces gens-là ont-ils changé leur mode de pensée ? Non. Ils sont donc incapables d’instaurer un nouveau paradigme. Jacques Attali va donc se désespérer, puisqu’il écrit le 13 août : « Il faudrait donc avoir le courage, aujourd’hui, de s’attaquer aux règles du jeu et non aux joueurs, si l’on veut éviter que la partie tourne au carnage. »