Pour qui travaille Anne LAUVERGEON ?
Il n’est pas inutile de rappeler qui est cette illustre dame : Anne LAUVERGEON, entrée en 1978 à l’Ecole Normale Supérieure où elle obtient une agrégation en Sciences Physiques, elle choisit le Corps des Mines puis elle prend en charge l’Inspection Générale des Carrières (IGC) de 1985 à 1988 ; elle entre à l’Elysée en 1990 et devient très jeune le sherpa de François MITTERAND, ce qui lui permet de se faire un carnet d’adresses d’envergure internationale, qu’elle essaiera de faire fructifier entre 1995 et 1996 dans un grande banque d’affaires (LAZARD), où elle n’a pas laissé un souvenir impérissable ; grâce à son talent (son Ecole, le Corps des Mines … n’est-ce pas), elle trouvera un nouveau point de chute en 1997 comme Directeur Général Adjoint d’ALCATEL, avant de manœuvrer auprès des politiques et des Administrations pour obtenir le poste de P-DG de la COGEMA (suite à la démission de Jean SYROTA après une forte pression des Verts) à partir duquel elle constituera le Groupe AREVA.
AREVA étant une entreprise publique, Madame Anne LAUVERGEON est donc sensée travaillée dans l’intérêt du Bien public et conformément aux directives de son ministère de tutelle.
Mme LAUVERGEON et la famille DUVAL (grand actionnaire privé d’ERAMET) ont décidé de virer le Président Jacques BACARDATS pour le remplacer par un proche collaborateur de Mme LAUVERGEON. Les ministres BRETON et MARITON ont été furieux d’avoir été mis devant le fait accompli et ont demandé des précisions sur les motivations qui ont poussé à ce changement.
Le Directoire d’Anne LAUVERGEON répond publiquement aux ministres que les décisions ont été prises « conformément aux règles de gouvernance d’ERAMET » et assure que le Directeur Général de l’Agence des Participations de l’Etat (APE) était informé depuis le 18 avril.
Ignorons les questions secondaires que cette polémique soulève et venons-en aux essentielles : quelle est la stratégie adoptée qui rendait nécessaire ce brusque et inattendu changement de Président chez ERAMET ? Qui a validé cette stratégie ? Mme LAUVERGEON ne le dit pas, en tout cas pas sur la place publique comme elle sait si bien le faire pour le reste.
Alors que des retards importants dans le grand chantier nordique ont signalé des manquements dans le suivi des travaux par la chaîne de commandement, alors qu’on a écrit dans les médias que Mme LAUVERGEON s’était beaucoup dépensée dans les ministères et ailleurs pour que « son entreprise » soit privatisée (n’est-ce pas aux élus du peuple d’en décider sereinement, Madame ?), force est de constater dans cette affaire ERAMET que Mme LAUVERGEON s’arrange avec des capitalistes sans en référer à son organisme de tutelle si on en croit le ministre BRETON qui, après avoir décrété dans un relent ethnocentrique que Monsieur MITTAL ignorait la grammaire des affaires, découvre à ses dépens que la syntaxe féminine vaut bien la masculine.
On doit donc s’interroger : pour qui travaille réellement Mme LAUVERGEON ? Pour le Bien public ? On peut en douter au vu des éléments qu’elle met ou ne met pas sur la place publique.
Dans une entreprise privée fonctionnant normalement, son comportement serait immédiatement sanctionné par une éviction (rien à craindre pour la dame: elle a déjà son "parachute", voir presse septembre 2002).
En France, où l’oligarchie s’affranchit de plus en plus des règles appliquées par le reste de la population, il semble donc que l’Etat ne contrôle plus et ne sanctionne plus ses « hauts fonctionnaires ».