EADS la honte et la pagaille

Publié le par Alexandre Anizy

L’assemblée générale de EADS se tenait vendredi 4 mai à Amsterdam, et les masques sont tombés.
A l’issue d’un vote gagné de peu (52 %), les actionnaires ont décidé l’attribution de l’intégralité des bénéfices. « (…) la crise de moralité continue. Au lieu de régler les problèmes du groupe, nos patrons n pensent qu’à leur portefeuille. » a déclaré Jean-François KNEPPER, délégué central FO.
En effet, il semble que l’objectif prioritaire des actionnaires soit la maximisation du profit global de leur investissement. C’est ce que nous devons conclure après l’examen de 3 décisions.

 
D’abord, le plan nommé Power 8, qui vise à faire de EADS une entreprise intégrée, se concrétise par une suppression massive d’emplois, alors que la société possède un carnet de commandes rempli et qu’elle connaît des retards de livraison de 2 ans sur le produit A380. En général, lorsqu’une société décide un plan d’intégration, son objectif est d’optimiser les ressources internes sous-employées, ce qui améliore la productivité et par conséquent le profit, toutes choses égales par ailleurs. Chez EADS, on supprime des ressources, sans atteindre une hausse des performances industrielles puisque les retards de livraison sont maintenus à leur niveau (pour l’instant, pas d’aggravation annoncée) : la diminution du retard de livraison pour la satisfaction des clients est donc un aspect secondaire du plan stratégique Power 8. Logiquement, il nous faut déduire que ce plan répond à des objectifs financiers prioritaires : la suppression massive des emplois sert à doper la valorisation boursière de l’entreprise.

 
Ensuite, la volonté de s’attribuer l’intégralité des bénéfices (99 Millions d’euros) est une honte pour des gens qui par ailleurs glosent sur la nécessité d’une bonne gouvernance des entreprises. En prenant cette décision, l’assemblée générale a donné l’illustration d’une mauvaise gouvernance, celle qui fait fi des responsabilités de la firme vis-à-vis de ses clients et de ses salariés.

Notons sur ce point les faits suivants : Daimler (22,5 % du capital) souhaitait cette distribution de dividendes, alors que l’Etat français (15 %) s’y opposait et que le groupe Lagardère (15 %) hésitait. Mais Daimler et Lagardère ont vendu chacun une part du capital en avril 2006, réalisant ainsi une coquette plus-value, avant l’effondrement en Bourse de EADS (- 26 %) à la mi-juin 2006 (rappel : une information judiciaire pour « délit d’initiés » est ouverte).

Dans quelques temps, la concomitance des premières livraisons d’A380 et les premiers effets du plan Power 8 dans les comptes de EADS permettra le relèvement du cours boursier à un niveau de valorisation qui dégagera à nouveau de coquettes plus-values potentielles pour les 2 actionnaires privés.

 
Enfin, le fait que le Conseil d’Administration du 2 avril 2007 ait refusé une proposition des co-présidents Louis GALLOIS et Thomas ENDERS visant à faire voter par l’assemblée générale une augmentation de capital démontre 2 choses : la discorde au sein du Conseil d’Administration (le fameux couple franco-allemand) et une volonté de désengagement des actionnaires privés. Autrement dit, c’est la pagaille.

Accessoirement, nous mettons en évidence le rôle peu convenable des co-présidents qui apparemment n’ont pas envisagé de démissionner, comme c’est le cas généralement dans ce genre de situation. Citons le co-président Thomas ENDERS : « Dans une entreprise normale, le management aurait envisagé de démissionner. Mais nous ne sommes pas dans une entreprise normale ».

 
Au fait, quels sont les artisans de cette structure bicéphale bordélique ? Côté français, sous le gouvernement JOSPIN, un certain ministre STRAUSS-KAHN a beaucoup vanté cette coopération franco-allemande.

 
Alexandre Anizy