Dominique STRAUSS-KAHN et le Rubicon (I)

Publié le par Alexandre Anizy

Le 6mai 2007 à 20 heures, Dominique STRAUSS-KAHN était sur France 2 en direct pour tirer sur le Quartier Général du Parti Socialiste après la défaite royaliste. Il était offensif, ce qui n’est pas courant avec cet « éléphant ». Mais patatras ! Une semaine plus tard, il se plaçait à nouveau dans un schéma défensif, en ayant fait machine arrière à propos du responsable de l’échec électoral.

En effet, pour ne pas déplaire aux militants (ah ! les fameux sondages …), il a positionné François HOLLANDE dans sa ligne de mire et non plus la candidate. Ce changement tactique est-il bien raisonnable ? Non, évidemment. Car qui était le candidat ? Marie-Ségolène ROYAL. Qui a mené politiquement – à défaut de l’avoir dirigée – cette campagne électorale ? Marie-Ségolène ROYAL. Qui donc est le responsable du résultat ? Marie-Ségolène ROYAL. Les subalternes n’ont que des responsabilités secondaires.

Le bon sens a déjà quitté l’équipe de STRAUSS-KAHN le conquistador.

Au Conseil National à la Mutualité, Dominique STRAUSS-KAHN a donc vidé son sac sur un Premier Secrétaire de second plan, quand la madone avait déjà quitté la salle (quelle élégance ! quel respect de ses « petits camarades » !) pour tenir une conférence de presse – trottoir, où elle portait réellement son attaque dans le parti : elle le faisait quand elle le souhaitait et où elle ne risquait aucune contestation immédiate (DSK devrait lire « l’art de la guerre » de SUN-TSE). Sur le chemin de la Dame, on sait être offensif.

Force est de constater que 2 semaines à peine après la défaite, STRAUSS-KAHN en est déjà réduit à commenter les propos de sa rivale qui est bien épaulée par son concubin. Sur l’échiquier socialiste, STRAUSS-KAHN la joue plus KARPOV que FISHER. S’il maintient sa ligne qu’il croit offensive, il arrivera dans 12 ou 18 mois (faisons confiance au concubin et à l’appareil du parti qu’il maîtrise pour bien gérer cette échéance), épuisé par une guerre picrocholine contre des vassaux, tandis que la madone auréolée des sondages et retirée sur son Aventin parviendra quasiment à retrouver une nouvelle virginité politique. La débandade strauss-kahnienne est au bout de cette route : il ne pourra pas prendre le parti pour l’utiliser dans la future bataille présidentielle.

 
Dominique STRAUSS-KAHN peut-il avoir une autre stratégie de conquête élyséenne ? La réponse est oui. Mais elle nécessite une prise de risque.

Si STRAUSS-KAHN n’a pas les clés du Parti Socialiste aujourd’hui, ni même le poids pour imposer une révolution de palais dans le mois à venir, si STRAUSS-KAHN comprend qu’il ne pourra jamais obtenir le pouvoir dans ce Parti Socialiste avec son niveau d’équipement actuel (ressources financières et humaines), il doit alors en tirer la conclusion logique : bâtir un parti à sa disposition pour 2012.

Quand doit-il le créer ? Juste après les élections législatives de juin 2007, une dernière escarmouche brutale contre le Quartier Général lui permettra de rompre en emportant ses troupes. Dans l’art de la scission, STRAUSS-KAHN a un expert (ex trotskiste, c’est pas rien de le dire !) en la personne de Jean-Christophe CAMBADéLIS, qui a déjà compris la décomposition du Parti Socialiste (autre argument prouvant son inutilité pour DSK) en le comparant à un tonneau : « Les planches sont pourries, il ne reste plus que les cercles de fer qui l’entourent. Les cercles représentent les différentes structures du parti (dont les élus), qui ne souhaitent pas de modification mais la défense de leurs intérêts et de leur situation ».

 
Si STRAUSS-KAHN veut être sur le champ de bataille en 2012, avec une armée solide en ordre de marche, il doit, selon nous, emprunter le chemin de la rupture. STRAUSS-KAHN a-t-il les ressources psychologiques pour franchir le Rubicon ? Nous en doutons.

Alexandre Anizy