Nicolas SARKOZY de NAGY BOCSA et Angela MERKEL sont heureux d’avoir conclu un accord qui a le mérite de déplacer les hommes sans changer le statu quo franco-allemand en apparence : s’il n’y a plus de direction bicéphale, l’équilibre des forces semble avoir été respecté.
Il ressort des commentaires avisés que Louis GALLOIS serait devenu l’homme fort de EADS, i.e. « le vrai patron du Groupe ». Pour valider cette analyse, il est dit que Louis GALLOIS sera le seul responsable des nominations … qui devront être validées par le Conseil d’Administration du Groupe. Alors qui décide réellement ? Le Conseil d’Administration de toute évidence. Sur 11 membres, l’Allemagne comptera 3 administrateurs, auxquels il convient d’ajouter 50 % des 4 administrateurs indépendants qui seront proposés par GALLOIS et GRÜBE, soit 5 voix pour l’Allemagne, c'est-à-dire 45,45 %. La majorité qualifiée sera impossible sans l’Allemagne. Le même raisonnement vaut pour la France. Donc sur ce plan, en dernière analyse, rien n’a changé.
Mais il faut observer que le pseudo patron de EADS Louis GALLOIS est bien encadré par 2 Allemands. Il faut remarquer que l’Allemagne va prendre la Direction de 3 filiales (dont AIRBUS) : à cet avantage certain, il n’y a pas de contrepartie pour la France …
Est-ce vraiment sérieux de placer à la tête d’AIRBUS l’ex-parachutiste allemand Thomas ENDERS, qui a fait sa carrière rapide dans les couloirs et les bureaux de la haute administration et de la politique, en particulier dans le secteur de la Défense ? Pour des industriels ayant des problèmes d’industriels comme AIRBUS en ce moment, est-ce vraiment judicieux de nommer un fonctionnaire qui n’a jamais bossé dans l’aviation civile ? Est-ce vraiment raisonnable de nommer un individu qui niait encore récemment toute faute de l’usine de Hambourg sur la question du câblage de l’A 380 (cause essentielle du retard de production) ?
Le fonctionnaire Thomas ENDERS voudrait tant que EADS soit une entreprise normale (comprendre : sans l’ingérence d’un actionnaire nommé Etat français) : il feint d’oublier que si c’était le cas, il n’y aurait vraisemblablement pas la place qu’il occupe aujourd’hui.
Nous observons par ailleurs que l’accord franco-allemand va permettre au Groupe LAGARDèRE de sortir de EADS lorsque le plan Power 8 aura porté ses fruits, i.e. la remontée du cours boursier, en empochant à nouveau une belle plus-value ; si ce n’est pas le cas, Arnaud LAGARDèRE restera et prendra la Présidence du Conseil d’Administration pour négocier en position de force une autre sortie. Ainsi l’ami de SARKOZY de NAGY BOCSA n’a pas été lésé par cet accord.
Nous concluons sur l’avis d’un homme du métier, Jean-François KNEPPER, coprésident du comité européen d’AIRBUS (FO) : « A force de négociations politiques depuis 35 ans qu’existe AIRBUS et 7 ans qu’existe EADS, les Allemands grignotent petit à petit de l’influence, du pouvoir, du management, et sont en train de s’approprier ni plus ni moins que l’industrie aéronautique, d’espace et de défense européenne. »
Alexandre Anizy