Le bluff politique chinois (I)

Publié le par Alexandre Anizy

En octobre 2005, Pékin publie « Construction de la démocratie politique en Chine », dans lequel il est rappelé fermement que le Part Communiste est l’avant-garde du peuple. Pour ceux qui veulent bien entendre, les dirigeants chinois affirment que c’est un peuple différent, que la Chine a des caractéristiques qui empêchent l’application de l’ensemble des règles de l’Occident capitaliste.

A Pékin, la ligne dominante dit que l’intégration du pays et son développement (i.e. « la hausse des forces productives », un mot d’ordre marxiste) dépendent de la stabilité interne : par conséquent, il faut maintenir le système qui doit encadrer idéologiquement cette nouvelle phase d’expansion. Comment le Parti réussit-il à maîtriser ce processus ?

Tous les dirigeants sortent de l’université Qinghua.
« Grâce à la mutation de ses élites, le PC aiguillonne et contrôle la modernité économique. La nouvelle classe des hommes d’affaires (…) est dépendante du pouvoir et captée par une couche privilégiée dont les membres de l’appareil communiste sont le cœur. Les apparatchiks forment la principale couche sociale privilégiée, celle qui contribue de façon décisive à la régulation et à la gestion du pays » Thierry WOLTON, « le grand bluff chinois », édition R. Laffont 2007, 183 pages, 16 €).

Soucieux de coller la théorie à la pratique, en bons marxistes-léninistes les communistes chinois ont adopté la théorie des 3 représentativités : avec elle, le PCC s’ouvre aux forces productives avancées, c'est-à-dire au peuple chinois dans sa diversité.

Au copinage politique, la Chine a ajouté la variante « dimension familiale » : « Depuis l’avènement du régime, plus les personnalités politiques ont bénéficié d’un réseau parental dense, plus elles ont pu accumuler de positions institutionnelles ». (Idem, page 37)
La Chine postmaoiste de DENG XIAOPING a complété le schéma avec un zeste de confucianisme dans le mode de gouvernement : sur les 5 relations fondamentales de CONFUCIUS, celle du père/fils est la plus importante, car elle aboutit au concept de réciprocité qui, à cause de la soumission du fils, autorise celui-ci à trouver une situation avantageuse indépendamment de son mérite réel. Ce sont les « taizi », i.e. les princes héritiers.  

40 % des taxes prélevées sur les paysans n’ont pas de base légale et ne sont pas reversées dans les caisses publiques. (D’après Guy SORMAN cité page 43) Le développement a généré non pas une classe moyenne mais une classe de parvenus, dont le pouvoir d’achats est tributaire de ses relations avec le PC.

 
Alexandre Anizy
A suivre… le bluff économique chinois (II)